Un étrange giallo totalement inégal et mal foutu capable d'éclairs de génie dans sa mise en scène et d'inspirations baroques de premier ordre. Dario Argento fait déjà preuve d'un insolente déconstruction et reconstruction des codes du cinéma classique : les mouvements d'appareils amples, le scope utilisé avec précision et la structure scénaristique attendue sont capables de trébucher d'un coup, de se vautrer dans le grand guignol bricolé et d'aboutir à d'habiles tours de passe-passe.
Le cinéaste et son chef opérateur donnent de beaux reliefs à l'utilisation de la vue subjective et annoncent le meilleur de Profondo Rosso sans en avoir la noirceur (la couleur?) ni le lyrisme, Quatre mouches de velours gris digérant pas si bien que cela l'alchimie des genres populaires du cinéma italien : du grotesque, un bout de sein par ici, des seconds couteaux cabotins par là (inénarrable Jean-Pierre Marielle) et des acteurs globalement au jeu médiocre. Toujours, cette fantaisie et légèreté nous font aimer cette enquête au final explosif, tout en bricole tranquille, entre le mauvais Antonioni expérimental et l'Argento gore de la fin des seventies.