Rambo et Rain Man sont dans un bateau. Soudain, Rain Man pousse Rambo qui tombe à l’eau

Ils ne sont pas seulement bons dans les films bizarres, ou un brin mystiques. Les espagnols, sont bons. Et quand ils se mettent au suspense, c’est une très bonne surprise. Ceux qui regrettent les bons vieux films de serial killer vont se régaler. Le genre de gars introuvable, le serial pervers, supérieurement intelligent qui transforme la police en bourrique. Pour ceux qui aiment ce genre de gars, ce film est pour vous. On se croirait revenu à la fameuse époque de Se7en de David Fincher. De un, les serials-killers ne sont donc pas tous morts. De deux, réussir un polar contemporain, demande plus de maîtrise que la moyenne ; vu qu’on en a tellement vu. C’est difficile de renouveler le genre. Et pourtant…


  On a le couple de flics mal assorti, (comme d’hab). Un grand costaud, Rambo, pas très futé, et un petit génie bègue, qui fait penser à Rain Man. (Ils ont poussés le vice jusqu’à trouver un acteur qui ressemble terriblement à Dustin Hoffman pour jouer le rôle). Rambo et Rain Man ne s’aiment pas. Ils sont sur la piste d’un tueur de vielles dames. Ça se déroule lors de la visite du pape en Espagne. Et la hiérarchie court-circuite l’info : « La presse ne doit rien savoir ». Pas question de scandale pendant la visite de sa sainteté, ça ferait trop de désordre. Et les meurtres continuent. Avec une odeur d’interdit, de glauque. Le cinéaste ne nous épargne pas les détails, (parfois scabreux). Avis aux malades du cœur, aux grenouilles de bénitier, et aux âmes sensibles. Feinte. Ce film, c’est peut-être pas pour vous.


Rambo et Rain Man sont à la poursuite d’un homme, mais on s’aperçoit bien vite qu’ils sont plus à la recherche d’eux-mêmes, que d’un homme. On recherche trois hommes, donc. Le tueur c’est un problème, mais  les flics sont un problème aux-aussi. Donc quel est le vrai problème ? Les mamies tuées, ou les vices et névroses de l’un et l’autre ? Quand un espagnol s’attaque à un genre américain majeur, ça peut donner ça.


  Rambo a des problèmes de couple. Sa fille le traite comme un chien. Sa femme…Donc le mâle alpha qui montre les muscles au boulot, à la maison c’est pas la même histoire, hein ? Un petit toutou. Rain Man, lui, ça famille c’est zéro. Il vit seul. Enfermé dans son petit appart spartiate, il écoute de vieux disques, et mate de temps en temps la femme de ménage par l’œilleton de la porte d’entrée. Il n’est pas net ce mec. Autiste, voyeur, ou pervers refoulé, y’a un problème. Et le film avance, l’enquête patauge dans le gaspacho, la vie privée des deux gars court-circuitent le film, éclipsent l’enquête, pour mieux la relancer.


  Et il faut reconnaître qu’ils sont sont beaucoup plus intéressants que le tueur, (qu’on a oublié). Leur face cachée fait douter de la santé mentale du scénariste, (sûrement pervers lui-aussi), et la vérité n’est pas celle qu’on attendrait. Tout est gris, ici. Le mal à plus d’un visage. Et on le verra plus tard, le méchant est un gentil garçon dans le civil. Il a beaucoup de qualités, insoupçonnable. Par bien des égards, il est beaucoup plus sympa que les héros du film. Le monde est gris. C’est une peinture de caractères implacable, et personne n’en ressortira indemne.


  Une autre mamie est tuée ! De façon encore plus violente. Dur ! Mais que fait la police ? Rambo et Rain Man, sont priés de faire taire leurs querelles intestines, car il y a une enquête à finir. On les avait écartés de l’enquête, mais leurs collègues sont encore plus perdus ; baladés par le tueur, un modèle du genre tueur, ils nagent dans la sauce toamte. Sorogoyen que je ne connaissais pas, connaît très bien les codes, et propose le polar espagnol, au jeu du chat et de la souris. Qui parle du chat, voit sa queue.


  Grâce, ou à cause d’un chat, le tueur tombe dans les filets de la police ; et passe à travers, comme un joueur d’échecs. Chanceux, ce gars ! Échec, mais pas mat. Conclusion, et final surprenant, où les rôles s’inversent. La pression monte, et on finit en vigilante movie, sans héroïsme, seulement la vérité crasse. Humains, tous humains. Tout est gris !

Angie_Eklespri
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le 26 févr. 2018

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