On s'immerge dans un conte métaphorique aux images acérées de merveille, l'on rencontre un petit garçon ployant sous la maladie de sa mère, obligé de la voir chaque jour agoniser un peu plus. Comment supporter ce fardeau pour un âge aussi jeune ? L'hymne à l'imagination devient sublime et transcende le spectateur. Il serait difficile de parler avec des mots justes pour ce film, de ce qu'il transmet, de ce qu'il raconte ; la vision se balance en deux mouvement, deux chemins qui se relient dans une harmonie doucereuse.


Les "il était une fois" se parent de leçon de vie où, pour une fois, les méchants ne sont pas méchants, où les gentils ne sont pas gentils, où les personnages de ces trois contes restent humain dans leur complexité tantôt négative, tantôt positive. Elles sont esquissées dans le plaisir d'une animation aquarelle aux couleurs sombres et éclairées, aux visages brouillon, abstraits, à l'art féerique d'un imaginaire fertile. Ces trois histoires ne sont pas gratuites, elles servent, complètent la vie réelle cruellement dure et suffoquante pour ce petit garçon à qui l'on s'attache rapidement. Détail non pertinent mais j'ai trouvé le visage angélique de Connor redoutable dans ses expressions, cet acteur a un talent fou qui s'expose, brut, violent, sauvage, une germe de naïveté et de tristesse dans ses yeux mordoré. Ainsi, les histoires que racontera le monstre, incarnation d'un arbre géant, symbolique, onirique, amènera le héro à se libérer du malaise et de ses sentiments nébuleux, orageux après un long parcours dévoilé en plusieurs scènes. Des contes que l'on narre aux enfants pour s'endormir le soir ont cet effet instructif, bénéfique, baume au coeur des bambin les déployant sur le chemin de la construction. Le film l'explicite totalement.


Les relations se tissent, magiques, tendres, surtout entre le géant et le garçon, un géant monstrueux me rappelant ce Jack dans Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, d'ailleurs le sujet principal est similaire : le deuil, la mort est omniprésente dans les photographies proposées, elle pèse comme un souffle putride, envahit le petit de sa présence néfaste. L'amour qu'il porte à sa mère devient insoutenable, tellement qu'il n'ose pas dire, qu'il n'ose pas avouer ce qui le pénètre, qu'il cache sa colère, sa frustration. Les dernières scènes sont redoutables émotionnellement parlant, la découverte de la quatrième histoire, la sienne où les sentiments, la culpabilité se dévoilent, explosent dans des répliques douées de sens. Le film, universel, parle aux petits comme aux adultes, car tous, nous nous employons à museler nos ressentis, masques de bonheur en société, de faux sourire sur les joues. Le monstre veille, psychothérapie douloureuse mais nécessaire pour enfin la libération et l'épanouissement.


D'autre personnages tournent autour de Connor, la mère dont on se prend d'affection, son visage émacié à la maladie vicieuse, le père, la grand mère jouée magistralement par Sigourney Weaver, froide, rigide, le contraire, le capitaine crochet de ce Peter Connor. Elles sont touchantes ces scènes entre ces deux êtres n'arrivant pas à s'adopter, on sent l'amour qu'ils se portent, tristement, maladroitement. L'apprentissage s'esquisse dans toutes les scènes pour un but final, fracassant les rires mais laissant une mélodie d'espoir. Le final laisse à méditer, est-ce une métaphore d'un renouveau, d'un recommencement près et proche en même temps de sa mère ? Le film est vecteur d'émotion, de beauté sauvage et de leçon de vie, une harmonie magique où le spectateur se laisse happer par l'esthétique et l'histoire poétique.

Vagabonde_
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le 6 janv. 2017

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