Quelques minutes après minuit est une adaptation du roman de Patrick Ness, d'après une histoire de Siobhan Dowd décédée d'un cancer avant d'avoir pu finir son oeuvre. Cette maladie plane sur un film se révélant une fable sombre, abordant la mort à travers la douleur qui ronge un enfant se réfugiant dans son imaginaire pour échapper à cette dure réalité.
C'est l'histoire d'un enfant déjà adulte, mais un adulte étant encore un enfant. Conor (Lewis MacDougall) a dû grandir trop vite, en devant faire face au cancer de sa mère (Felicity Jones). Il est livré à lui-même, affrontant un monde ne semblant pas vouloir lui donner le temps de souffler un peu. Il trouve un peu de répit à travers le dessin, avant qu'un monstre (Liam Neeson) vienne frapper à sa fenêtre pour le sortir de son cocon.
"On a peur de ce que l'on ne connait pas", cette peur a plusieurs visages, mais dans le cas de ce film, c'est celui du cancer, de cette maladie qui ronge aussi bien ceux qui en sont atteints, que ceux qui les entoure souffrant en silence et se sentant impuissant face à cette saloperie. Chacun réagit à sa manière face à ce mal et Conor a choisi de le faire avec l'aide de son imagination. Son esprit est créatif, comme celui de sa mère. Elle a lui a transmis ce talent, mais ses dessins sont sombres. Ils reflètent son état d'esprit. Il faut dire qu'il vit dans une demeure où la mort semble avoir élue domicile. Ce n'est pas mieux au sein de son école où il est victime de harcèlement. La lumière se fait rare et le ciel bleu est masqué par des nuages souvent gris. Mais il y a ce monstre venant quelques minutes après minuit pour lui raconter trois histoires, devant mener à une quatrième histoire contée par Conor.
Il y a de la magie dans ce film, ancrée au cœur d'une triste réalité. Cela ressemble à du Steven Spielberg ou à un Disney, mais avec une touche macabre le rendant moins mièvre. C'est un bel exercice de style, mettant des mots sur des évidences que nous avons tendance à oublier. Le monstre prépare Conor à affronter la mort, à accepter ses émotions et lui faire comprendre qu'il ne doit pas avoir honte de ses pensées. Cela manque toutefois de subtilité et d'émotions. On avance sur un rythme inégal en direction d'une fin annoncée, en se demandant parfois pourquoi l'intrigue manque autant de consistance, mais on se laisse aussi porter par la beauté de ses images, de son monstre et du jeune Lewis MacDougall.
Ce n'est pas un film désagréable, loin de là, mais il manque cette petite étincelle susceptible de faire naître en nous des émotions pouvant mettre à mal notre zone de confort. Le cauchemar et le visionnage du King Kong de 1933, donnent toutes les clés de l'histoire et nous gâche un peu le plaisir. Les intentions sont bonnes, mais le résultat n'est pas entièrement satisfaisant.