C'est étrange, je retrouve la même sensation que j'ai eu après avoir regardé Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro. En effet, Quelques minutes après minuit définit un cadre fantastique pour révéler une histoire intimiste et bouleversante. Mais malheureusement, la magie n'opère pas et la narration, qui est très romancée, nous amène à croire que le roman doit valoir vraiment le coup contrairement au film qui recèle de bonnes idées mais qui, mélangées ensemble, forment un tout étrange et difforme. L'esthétique est attrayante et l'histoire rappelle l'univers des contes, à la fois effrayant et dotée d'une morale. Mais force est de constater que le film se perd dans ses propositions et n'aboutit sur rien de concluant, ni d'extraordinaire. En effet, ce grand monstre sortit de l'imaginaire du jeune garçon esseulé est impressionnant, certes, mais ses motivations et sa fonction restent floues. Les histoires qu'il narre sont représentées de façon originale et surprenante, des courtes formes animées rappelant le conte des trois frères dans Harry Potter et les reliques de la Mort - 1ère partie. Visuellement très réussis, j'ai eu du mal à trouver la raison de leur présence au sein de cette histoire. Et qui dit histoires au milieu d'une grande histoire dit cafouillage et incompréhensions. Ce qui est bien dommage car la performance du jeune Lewis MacDougall est bluffante et pleine d'émotions. Il est sincère tout en étant très simple et l'amour qu'il voue à sa mère mourante est juste incroyable. Felicity Jones, dans le rôle de cette dernière, est méconnaissable et signe une interprétation poignante. J'étais très excité à l'idée de voir Sigourney Weaver mais j'ai été plutôt déçu par son manque de nuances dans son jeu, que j'ai trouvé plutôt monocorde. Quelques minutes après minuit est une histoire du passage à l'âge adulte, où le monde imaginaire de l'enfance se confronte à la réalité cruelle. On garde en tête de très belles images et une esthétique poétique réussie mais on regrette ce manque de cohésions entre toutes ces tentatives de narration, d'autant plus que le film s'étend en durée, ce qui met notre envie de comprendre à rude épreuve. Mais surtout, c'est un beau reflet de nos propres pertes, de nos proches qui nous ont quitté et tout l'imaginaire qui en découle.