Film très intéressant dans ses décalages psychologiques et dans sa description des différents niveaux d'acceptation : de la mort certes, mais aussi des émotions du processus de deuil... difficile d'en dire plus car tout l'intérêt du film est dans sa description du processus.


C'est une grande qualité du film mais ça peut également être un frein à sa compréhension car il ne sert pas vraiment ce qu'on attend de lui. Par exemple la première rencontre entre le monstre et l'enfant, qui intervient très tôt dans le film, est assez déconcertante : le film joue avec notre anticipation d'émerveillement, de spectaculaire comme dans un film Disney classique mais la scène devient vite assez décalée puisque le garçon n'est pas du tout émerveillé et va même plutôt rabaisser le monstre.


Énormément de décalages similaires sont présents dans le film, qui va toujours faire passer les situations et les personnages d'une représentation très archétypale Disney (qu'on peut voir comme la vision initiale de l'enfant) à une représentations beaucoup plus réelle, contradictoire et très juste psychologiquement, au fur et à mesure de la transformation psychologique du personnage.


Mon sentiment est que si l'on s'attend à une histoire assez classique d'un enfant qui va s'échapper de la réalité pour accepter la mort on peut facilement passer à côté du film qui pour moi raconte exactement le contraire. C'est en effet presque un anti-conte de fée : dans un conte de fée classique le protagoniste va vivre des aventures extraordinaires, épiques, héroïques, tue le méchant, va devenir roi de son monde imaginaire, et va retourner dans le monde réel tout à fait remonté, solide, prêt à l'affronter ; ici rien de tel, le garçon ne s'en va jamais, il reste désespérément seul à affronter ses peurs sans jamais arriver à les tuer. Le monstre et ses histoires qu'il espère être des contes de fées ne feront jamais de lui un héros, au contraire, et le feront constamment redescendre sur terre...


Au niveau formel, ce qui marque le plus sont les longues périodes de silence, très rares et précieuses dans un film hollywoodien, ainsi que les performances absolument remarquables de Lewis McDougall (très rare pour un enfant !) et de Sigourney Weaver.


À voir (avec des mouchoirs) !

eroux
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2017

Créée

le 9 janv. 2017

Critique lue 286 fois

eroux

Écrit par

Critique lue 286 fois

D'autres avis sur Quelques minutes après minuit

Quelques minutes après minuit
Sergent_Pepper
7

Conquises esquisses

Dans la longue tradition qui unit le monstre et l’enfant, il s’agit la plupart du temps de dissiper les apparences : vaincre la crainte de l’autre que son allure, sa taille démesurée ou son étrangeté...

le 28 mars 2017

88 j'aime

7

Quelques minutes après minuit
Velvetman
7

Enfance et cinéma en 2017 : une innocence disparue.

Lorsqu’on fait le bilan d’une année cinématographique, certains thèmes reviennent avec plus ou moins d’insistance. Soit parce que ce thème-là est influencé par une mode stylistique, soit parce que le...

le 6 déc. 2017

29 j'aime

2

Du même critique

Skins
eroux
9

Skins, Fire Walk With Me

Ceci est une critique uniquement des deux premières saisons, après quoi la série perd tout ce qui faisait son charme... Skins est un mélange assez étrange entre différents styles qu'on voit rarement...

le 17 juil. 2020

Quelques minutes après minuit
eroux
9

Surprenant de justesse

Film très intéressant dans ses décalages psychologiques et dans sa description des différents niveaux d'acceptation : de la mort certes, mais aussi des émotions du processus de deuil... difficile...

le 9 janv. 2017

Les Chroniques de Shannara
eroux
5

Le fils caché de Xena et D&D

Ami cinéphile, si en entendant parler du « nouveau Game of Thrones » et en regardant le trailer des Chroniques de Shannara tu t'es demandé si tu n'avais pas fait une faute de frappe dans le nom, ne...

le 21 nov. 2016