Qui veut la peau de Roger Rabbit est une véritable pépite cinématographique, unique en son genre, dont l'efficacité et la singularité traversent le temps sans encombres. Un mélange détonnant d'animation et de prise de vues réelles fait de ce chef-d'oeuvre l'étendard du genre, qui enterre ses prédécesseurs et n'a jamais été égalé depuis, malgré quelques tentatives sympathiques.

Adapté du roman d'un certain Gary K. Wolf intitulé Who Censored Roger Rabbit, le film est un véritable tour de force. Il réunit non seulement des talents incroyables : Spielberg à la production, Zemeckis à la réalisation, Richard Williams à l'animation... mais aussi il rassemble une improbable galerie de personnages de cartoon, issue de studios concurrents : ainsi, on peut voir les Looney Tunes de Warner Bros côtoyer les mascottes de Disney, ou encore les personnages de Tex Avery et ceux des Fleischer Studios côte à côte. Apparemment, ce joyeux mélange est l'oeuvre de Steven Spielberg, réussissant à convaincre les différentes maisons de prêter leurs protégés, qui ont pour la plupart accepté sous certaines conditions. Cependant d'autres ont été refusés, nous privant de personnages comme Tom and Jerry ou Popeye. Mais ce n'est qu'un détail face à la générosité et à l'ambition du projet.
Tout d'abord, on peut saluer le casting, parfaitement exploité et investi. Bob Hopskins en détective bougon et alcoolique donne la réplique à un lapin blanc azimuté doublé par l'excellent Charles Fleischer, formant ainsi un des duos comiques les plus étranges et drôles des années 80. On notera également la performance du légendaire Christopher Llyod, superbement flippant en Juge DeMort.

Toute cette belle équipe contribue à rendre le film attractif, captivant et hilarant. Entre la sulfureuse Jessica Rabbit, le graveleux Baby Herman ou le gang des fouines, le spectateur a son lot de toons tous plus frappants et frappés les uns que les autres. La mise en scène de Robert Zemeckis est une fois de plus dépourvue de défauts majeurs, le cinéaste sachant exactement où il va, toujours très minutieux dans les détails, donnant une crédibilité étonnante à un récit fortement loufoque. On apprécie également le cadre, rendant un brillant hommage aux films noirs dans un Hollywood d'après-guerre qui est un parfait lieu d'intrigues et de trahisons diverses, où la fiction et les artifices se frottent à la réalité. Ici, l'interaction entre les dessins animés et les images live fonctionne à merveille, ainsi les talents combinés de Williams et Zemeckis s'en ressentent d'autant plus.

Roger Rabbit est donc un objet incroyable : le parfait divertissement, à la fois drôle et intelligent, simple et grandiose. Le travail colossal effectué porte ses fruits, car des dizaines d'années plus tard, le film ravira toujours petits et grands, nostalgiques comme curieux. À voir en VF ou en VO, les deux versions sont excellentes, ce qui se fait extrêmement rare.

Critique lue 119 fois

6

D'autres avis sur Qui veut la peau de Roger Rabbit

Qui veut la peau de Roger Rabbit
Sergent_Pepper
8

Lapin justifie les moyens.

Un projet comme Roger Rabbit n’aurait aujourd’hui plus du tout le retentissement qu’il eut en 1988, tant le numérique a infusé le film, qu’il s’agisse de décor ou de personnages entiers. Plutôt que...

le 23 août 2015

67 j'aime

9

Qui veut la peau de Roger Rabbit
Ticket_007
9

Comédie policière et cartoon dopés par une "Fantasia" d'effets spéciaux

Un détective privé s'immerge dans le Hollywood de l'après-guerre, pour enquêter sur la brouille entre un acteur célèbre et sa femme. A peine a-t-il ciblé un potentiel rival que celui-ci est...

le 19 mai 2016

50 j'aime

8

Qui veut la peau de Roger Rabbit
Gand-Alf
10

Assurance sur ToonTown.

Produit par Steven Spielberg à une époque où le divertissement familial avait une sacrée pêche, "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" nous rappelle à quel point Robert Zemeckis fut un expérimentateur...

le 6 mai 2013

48 j'aime

6

Du même critique

Avengers: Endgame
Paùl_El_Cellat
3

Back to the Failure

Après l'excellente surprise et la claque procurées par Infinity War, j'avais une totale confiance en cet épisode et en ses réalisateurs. Quelle traîtrise !Les mecs sont retournés aux basiques du MCU,...

le 15 mai 2019

10 j'aime

4

Les Tuche
Paùl_El_Cellat
3

Caricacature

Coincé au fin fond de la montagne, malade comme un chien, je n'avais pas vu un film depuis plusieurs semaines. Mon sacré cousin, ce cinéphile du dimanche m'a généreusement prêté de quoi m'adonner à...

le 22 févr. 2017

10 j'aime