L'héritage, c'est un peu tout ou rien. Et pour Charlie Babbitt, c'est la deuxième option. Orphelin d'un père avec qui il a si peu (ou si mal) partagé, le jeune homme d'affaires coléreux se retrouve dépossédé d'une fortune qu'il pensait être la sienne. Et qui atterrit entre les mains d'un inconnu total: son frère Raymond. Quand il découvre que ledit frère est autiste, Babbit entraine sa compagne (malgré elle) dans une combine visant à enlever Raymond afin de "récupérer sa part". Les deux hommes se retrouvent bientôt seuls, traversant les États-Unis.
Ils se regardent, se parlent, s'apprivoisent. Le voyage devient bientôt une odyssée intérieure, au cours de laquelle chacun se (re)découvre.
Une intrigue simple comme le monde, mais dont les audaces achèvent de le rendre majestueux. Faire camper le rôle d'un autiste à n'importe quel acteur, c'est déjà très risqué. Le cabotinage ou le hors-jeu laissant une marge d'interprétation très étriquée.
Mais Dustin Hoffman est stratosphérique en Raymond, homme qui cultive l'atypique et le génie comme personne. Mais si sa performance est aussi marquante, c'est parce que son partenaire est lui-aussi au delà du réel. Tom Cruise trouve l'un de ses meilleurs rôles. C'est autant une performance d'Hoffman que de Cruise, qui emmènent Rain Man vers des sommets rarement atteints. On a beau connaître les chemins qu'on va arpenter, cela n'empêche pas qu'ils soient rafraichissants et bouleversants. La maîtrise du réalisateur Barry Levinson sur toutes ces valeurs ajoutées est exemplaire. Au final, l'héritage c'était bien tout ou rien pour les Babbit. La fortune ou la vie. Pour Raymond, la richesse qu'il a acquis ne signifie rien, et ce qu'a gagné Charlie est hors de prix. Comme eux, nous sommes gagnants.