Attention risque de spoil :




D'aucun dirait crime passionnel, crise d'adolescence ????
Je réponds : méconnaissance du propos, manque de confrontation avec une certaine réalité !!!!
Pervers : terme apparu au XIIème siècle, venu du latin perversus qui signifie "renversé", mais aussi de perverto qui signifie "mettre sens dessus dessous"
Oubliez l'adjectif narcissique, il ne sert plus à rien.

Partant d'un cours de philo sur les passions - ne vous a-t-on pas dit à quel point cette matière est importante et civilisatrice, l'auriez-vous cru ? - voilà Charlie aux prises avec Sarah.
Comme toujours je ne passerai pas par le synopsis, il est simple, clair, et offre la possibilité de voir ce que vous avez peut-être, hypothèse 1, vécu tout en restant protégé par l'écran, hypothèse 2, de voir ce que vous ne connaissez pas, ou hypothèse 3 qui vous amuse lorsqu'on vous le raconte, hypothèse 4 que vous ne croyez pas (même si c'est votre ami(e) le/la plus proche qui vous en témoigne) simplement parce que cela parait, encore aujourd'hui incroyable.
J'en ai connu - pardonnez les néologismes affreux qui vont suivre - des étrangleurs(euses), des empêcheurs(euses) de la pensée, des retourneurs(euses) de cerveau.
La perversion, à la différence de la névrose ou de la psychose, semble ne pas avoir d'âge, elle est la même dans n'importe quel corps, dans n'importe quel "esprit". A n'importe quelle époque, même recette, même saveur aigre-douce, épicée et brûlante. parce que le pervers est vide, et seule le remplit sa souffrance profonde, son désir de vivre, mais comment vivre quand l'âme n'est pas ? Tout simplement en empruntant celle de l'autre. L'autre devenu objet, chose, le pantin, la marionnette, la chose.
L'horrible mécanisme alternatif et sans retour de la perversion : séduction/destruction/sauvetage et culpabilisation morbide ne change pas.
Ceux qui vous empêche de parler, car qui peut entendre, comprendre une telle histoire ? Quelqu'un qui l'a vécu, à l'instar de la mère de Charlie (Isabelle CARRE), mais plus avant encore la tante (Claire KEIM), puis peu à peu les amis de Charlie, qui - dans la réalité du film - ont signifié leur présence, ce n'est pas toujours le cas.

J'en ai rencontré dans tous les milieux : chirurgiens orthopédistes, professeur(e)s, médecins de famille, psychothérapeutes, directrice des ressources humaines d'un grand établissement public français, mère, compagnon de vie, père, enfant, copines adolescentes, collègue de bureau, voisin... Partout !!! Et pas seulement chez les tueurs en série aux Etats-Unis, ce serait une erreur de croire cela.
Quand face à eux, vous ne comprenez pas ce qui vous lie, mais désormais vous en êtes devenu dépendant, cet autre est devenu, à l'insu de votre plein gré, votre seul point de focalisation possible, votre balise dans la nuit, nuit de plus en plus profonde, dont lui/elle seul(e) possède l'interrupteur.
Quand face à eux, aucune parole ne sert, tout est retourné, tout est transformé, travesti et pourtant là, devant vous, évident, mais votre parole contre la sienne, lui qui a su en faire si bon usage au bon endroit, au bon moment, que reste-t-il ?
Comment faire taire une logorrhée vomitoire aussi bien ficelée qu'entièrement fausse ????

On pourra objecter que la thématique fut maintes et maintes fois mise en lumière au cinéma. Certes, cela est vrai : outre tous les films sur les tueurs en série, quelques épisodes bien senties de nos séries télé, une grande partie des protagonistes hitchcockiens, le magistral "Swimming With Sharks" en tête de tous, mais à ma connaissance, jamais ainsi, sans effet autre que l'émergence physique et psychique de la destruction perverse, jusqu'au bout de ce qu'il est possible d'aller.

Ce film a une vertu principale, il instruit et ne vous laissez pas dire que ce n'est que de la fiction, prémunissez-vous, repérez et écoutez vos alertes internes (ce que l'héroïne de "Respire" n'a pas fait), et au moindre début d'étouffement, je vous le dis : "Tournez les talons !!!!"

Bonne séance :)
Agyness-Bowie
7
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le 14 nov. 2014

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Agyness-Bowie

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