En apnée

Mélanie Laurent n’est pas une actrice capricieuse voulant à tout prix passer derrière la caméra par pur soucis d’égo mais avant tout une réalisatrice qui tente de ne nous proposer quelque chose. Ce film nous raconte l’histoire de Charly (Joséphine Japy) qui se lie d’amitié avec Sarah (Lou De Laâge) qui vient d’emménager dans le coin. D’abord une amitié intense et forte, celle-ci deviendra de plus en plus délicate et compliquée, teintée de disputes en tous genres et de règlements de comptes. En somme, la réalisatrice nous dépeint le portrait d’une génération adolescente fragile, tellement à la recherche de l’estime des autres qu’elle n’hésite pas à faire du mal. Magnifiquement interprété par les deux comédiennes citées plus haut, Respire est un film tout ce qu’il y a de plus poignant dans son fond.

La relation entre ces deux filles, l’une introvertie et fidèle (Charly), l’autre narcissique à la limite de la manipulation est narrée avec énormément de subtilité et de réalisme, et ce rapport dominante/dominée nous prend à la gorge et nous fait passer par une large palette d’émotions. Si les deux protagonistes sont impeccables et campent parfaitement des personnages bien écrits, on regrette franchement que tous les rôles secondaires soient bâclés. [...] De ce fait, les scènes où elles apparaissent nous indiffèrent totalement et provoquent un contraste assez gênant avec les émotions fortes ressenties auparavant.

Cependant, l’intérêt et la compassion pour le personnage de Charly est tellement fort que l’on pardonne ces défauts, de débutante dirons-nous. On reconnait bien volontiers la sincérité du projet et la démarche de Mélanie Laurent en tant que réalisatrice, ce qui n’est pas négligeable, elle qui aujourd’hui est la cible d’un bashing injustifié à cause d’une vidéo de très mauvais gout. Son film est non seulement bouleversant sur le plan des sentiments, mais également magnifique à l’image. Ses défauts concernent uniquement la narration qui n’atteint jamais la justesse et la beauté globale du long-métrage. [...] On est en apnée pendant la quasi-totalité du film jusqu’aux dernières minutes qui à elles seules rattrapent tous les défauts rencontrés auparavant. Une des fins les plus traumatisantes que l’on a vu cette année dans un film inégal reconnaissons-le.

Par Morgan