Il faut que l'on respire !

Respire est le second film réalisé par Mélanie Laurent ( le 1er, Les adoptés n'a eu qu'un petit succès d'estime mais qu'à celà ne tienne, l'actrice-réalisatrice a choisi de faire les films qu'elle a envie de faire ...).

C'est un film qui dure une petite heure et demi mais qui en dit et en montre beaucoup sur ce qui se joue dans une relation amicale entre 2 jeunes adolescentes. Et dans cette relation amicale, quand l'une des deux est pervers narcissiques à tendance mythomane, c'est sûr que ça peut faire très mal.

J'ai beaucoup aimé la façon dont est réalisé ce film dramatique - car même les apparences au début sont trompeuses, la tension s'installe très vite -. On ressent la montée en pression des personnages et la caméra donne aussi à voir les effets sur l'entourage qui assiste à la destruction d'une personne par une autre qui vampirise pour assoir son prestige.

La mise en parallèle en quelque sorte de la relation de soumission à un ex mari pervers de la mère de l'adolescente maltraitée permet de supposer que la jeune fille reproduit ce schéma dominant/dominée ce qui permet à l'adolescente psychopathe d'assoir une emprise initiale sur sa proie. Je n'en dis pas plus quant à au scénario et il est de toute façon l'adaptation libre d'un livre.

Certains ont comparé La vie d'Adèle et Respire car les deux films donnent à voir le quotidien dans un lycée d'adolescentes "mises à mort" symboliquement mais je ne vois que très peu de points communs. La relation entre les deux adolescentes n'est pas homosexuelle ( une scène relativement ambigüe mais le propos n'est vraiment pas de ce type ) et nul voyeurisme et longues démonstrations de style avec la caméra. Il n'empêche que les deux films passent les grilles d'un lycée et que l'on se rend compte que rien n'est facile à l'adolescence et que les relations entre filles peuvent être aussi un calvaire ( quoique les hommes ne s'en sortent pas mieux question image car le père de la fille victime est odieux avec sa femme interprétée par l'excellente Isabelle Carré ).

Et je retiens une scène d'anthologie : la course sur le stade où l'on perçoit la dangerosité de la relation rendue perverse par la psychopathe. Crise d'asthme, perte de connaissance,etc...ceci me fait d'ailleurs penser à une scène dramatique aussi dans Cracks ( avec Eva Green en prof homo refoulée et malade à n'en pas douter ).

Conclusion personnelle : Respire est un film très réussi de Mélanie Laurent qui confirme une nouvelle fois son talent et sa grande sensibilité.