J'appréhende toujours un peu le visionnage d'un western : selon l'état d'esprit dans lequel je suis, le ressenti peut vraiment en pâtir. Ça dépend souvent d'un élément particulièrement subjectif : le film a-t-il bien vieilli ou non ?
Ça sous-entend alors qu'il y a plein de critères sur lesquels il faudrait se baser pour juger de la faculté du film à résister à une espèce de rouille... Par exemple, on pourrait être rebuté par les déguisements de La Planète des Singes, ça serait compréhensible, même si à titre personnel je les trouve charmants.
Mais je n'énumérerai pas de critères... Je dirai juste que d'après mon ressenti, Rio Bravo se regarde encore très bien aujourd'hui. Ce n'est pas le meilleur western que j'ai pu voir, car il manque encore de suspense (à ce niveau-là, j'estime plutôt Le Bon, la Brute et le Truand), mais l'histoire assez minimaliste se déroulant intégralement dans cette séduisante petite ville typique d'un western m'a convaincu, et je ne me suis jamais ennuyé dans ce film sexagénaire.
Au moment de Rio Bravo, John Wayne a déjà une longue expérience du western. Il est alors doté d'une assurance, et disons-le, d'une classe comme il en existe peu. Ce n'est sûrement pas pour rien qu'Hazanavicius défini son personnage comme "homme le plus classe du monde" dans l'excellent La Classe Américaine. On retrouve d'ailleurs même des passages de Rio Bravo dans cette comédie.
Mais John Wayne est très bien accompagné, par des personnages plutôt stéréotypés mais ce n'est pas pour nous déplaire : le vieil infirme râleur et aux aguets, l'adjoint alcoolique au passé obscur, le Clint Eastwood en devenir ainsi que la femme joueuse avec l'argent comme avec un John Wayne impassible. Je ne saurais l'expliquer, mais tous sont attachants, et parfois il suffit de cela pour rendre un scénario alléchant.
Après, le scénario en soi est assez classique, un méchant se fait capturer dans un élégant silence (décidément, avec Il Était une Fois dans l'Ouest, le silence est légion dans les westerns) et est fait prisonnier, son frère souhaite alors le récupérer, et une guérilla éclate. C'est très simple, mais le rythme fait qu'on se retrouve tantôt dans la discussion personnelle entre deux protagonistes, tantôt dans des scènes plus tendues, mais qui restent néanmoins relativement prévisibles. C'est ce rythme qui fait que Rio Bravo n'est jamais ennuyant.
Comme je l'ai dit, ce qui manque pour moi, c'est un peu plus de suspense, de scènes où on éprouve véritablement une sensation de danger (je renvoie encore une fois au troisième volet de la Trilogie du Dollar). Finalement, tout est un peu trop beau. Mais bon, au moins, cette vie sans prise de tête, cette vie de cow-boys, nous offre quelques super moments, notamment musicaux.