Ridley Scott, prince des voleurs !
Les bonnes âmes dirons que Ridley réussi un film sur deux, je ne serai pas aussi clément.
Ce Robin Hood m'a déplu et avec Ridley je ne m'attends plus à des miracles.
Je vais déjà essayer de lui trouver quelques points positifs avant de mieux le démolir.
D'abord la volonté de replacer le mythe dans un contexte historique crédible est louable : Mort de Richard à Chalûs, rivalité franco-anglaise pour les territoires mais surtout introduire la Magna Carta et le soulèvement des barons anglais était bien vu et s'inscrivait parfaitement dans le mythe de Robin Hood.
Autre point qui m'a aussi séduit, sur le plan purement artistique: la campagne, le village et la forêt de Sherwood.
Voilà c'est tout.
Bon maintenant, allons y pour tout ce qui m'a déplu, c'est à dire tout le reste...
Le scénario est une catastrophe d'écriture. Le fait de voir Russel Crowe en imposteur qui essaye de légitimer sa bonne fortune est complètement débile. Qu'est-ce qu'on en a à faire ? Le problème c'est que ça dure les 3/4 du film là où il aurait été plus judicieux que Crowe soit Loxley dès le départ. En fait les scénaristes voulaient certainement donner à Robin des origines modestes pour que le public s'identifie mieux à lui.
Le fait que le père de Robin soit à l'origine de la Magna Carta est aussi vraiment mal amené. J'me dit que Robin bénéficie d'un sacré coup de pouce du destin ! Le plus hilarant étant la scène où Max Von Sydow lui demande de fermer les yeux !
Y'a aussi des mecs qui courent joyeusement dans la forêt et tu sais pas vraiment pourquoi...
Le pire c'est l'acte 2, il ne se passe rien et on s'y fait royalement chier !
En fait, si on retire et qu'on réécrit tout ce qui ne va pas dans ce film, on a assez de place pour écrire la légende de Robin Hood (là où le film s'arrête, me laissant pour ma part complètement sur ma faim) avec comme final possible : Jean Sans Terre contraint de signer la Grande Charte.
Donc vous l'aurez compris le problème de ce Robin Hood c'est avant tout son scénario.
D'ailleurs c'est quoi ces péniches de 39-45 ? C'est abusé là ! Franchement, j'ai jamais vu un foutage de gueule aussi osé ou alors qu'on m'apporte des preuves historiques ! Je qualifierai ça "d'anachronisme métaphorique à double entrée" (comprenez grosse enculade historique) en référence à l'invasion Normande de Guillaume le Conquérant et à celle du 6 Juin 44 ! Bref abusé et inutile.
En matière d'anachronisme avec Ridley, on est habitué de toute façon. Le pire n'étant pas de faire des anachronismes d'objet ou de lieu mais de vouloir appliquer une pensée moderne à un contexte historique beaucoup plus ancien. Gladiator par exemple... et ce Robin Hood ne fait pas non plus exception avec la dissimulation d'une morale qui semble avoir quelques siècles d'avance... Si ça ne me choque pas dans d'autres versions de Robin Hood, ici ce qui me déplaît, c'est surtout la dichotomie entre un cadre historique réaliste et la morale véhiculée.
Bref ce film me conforte dans mes idées : je n'aime pas Ridley Scott à quelques exceptions près (Blade Runner).
Le Robin Hood de Curtiz reste vraiment le meilleur (conflit entre Saxons et Normands et sentiment d'injustice, beauté des décors, de la mise en scène) et celui de Reynolds est bien mieux que celui-ci.