On en a tous rêvé.


Qu'on ait été footballeur en herbe se rêvant marquer en finale de coupe du monde, tennisman amateur s'imaginant claquer un ace en finale de Roland, ou cycliste juvénile se voyant lever les bras en haut du Ventoux, on a tous été un gosse avec des rêves plein la tête. Des idées de grandeur à la mesure de notre talent !


Pourtant, on le sait bien qu'on est des ratés. On a grandi, et la réalité a décidé de nous rattraper. Des morceaux de caniveau, des râclures d'égoûts, qui déambulent tristement entre un appart déprimant et un boulot dont on est pas toujours fiers, mais faut bien vivre. On a une vie normale, une vie de type qui galère, qui se traîne dans des rues sales avec sa veste en cuir en jouant avec une balle. On fume, on boit, on drague la soeur de son pote.
Pour sûr, c'est pas Scarlett Johansson, elle a ses défauts, mais nous aussi. Pas brillants, pas beaux, pas drôles... Notre arme c'est la sincérité, l'honnêteté.


Tout ce qu'il nous faut c'est une chance, une opportunité de briller. Qu'un jour, le vent décide de tourner, et qu'on puisse se mesurer au champion du monde de boxe.
Alors là, ce serait le début du rêve ! T'imagines la motivation ?
On se lèverait à 4h du matin pour bouffer des oeufs, aller courir dans le froid en Converse et monter des escaliers, et peut-être même qu'on aurait une musique épique dans la tête, du genre qu'on met dans les films dans les séquences d'entraînement.
On ferait des pompes, on s'entraînerait sans arrêt, on taperait sur de la barbaque réfrigérée !
On serait prêt quoi ! Prêt à lui faire avaler son grand sourire, qui dit derrière ses dents qu'il va nous manger tout cru et que ce sera une formalité.


On aurait enfin une raison d'exister dans cette société sans qu'on nous crache à la gueule, on nous reconnaîtrait dans la rue. Et puis, elle serait fière de nous, Adrian.
Adrian, c'est cette fille dont on rêve tous sans le savoir, et sans savoir pourquoi, pour qui on pourrait ramener le soleil d'Apollon sur Terre, et lui casser la gueule.


Et puis on se battrait. On prendrait des coups, on se défendrait avec la gueule, parce que la garde c'est pour les faibles. Mais les coups, on en donnerait aussi. Droite, gauche, dans les côtes, dans la tronche. Le faire tomber pour déjouer les attentes, surprendre son monde.
Car au fond, c'est bien de ça qu'il s'agit. Pendant un instant, faire frémir le public, hésiter les pronostics, et tituber la légende. Faire douter le destin.


Et tu sais quoi ? La victoire, on s'en fout. Mais surtout, surtout, on se coucherait pas. Peu importe le résultat, mais on irait au bout de ces foutus rounds, jusqu'à ce que sonne une dernière fois cette cloche maudite. Toujours on se relèverait.
Pour garder sa dignité, et pour le gamin au fond de nous, qui rêvait qu'un jour on soit là, et qui rêve encore.
On lui doit bien ça.

Créée

le 18 mai 2016

Critique lue 577 fois

48 j'aime

10 commentaires

Black_Key

Écrit par

Critique lue 577 fois

48
10

D'autres avis sur Rocky

Rocky
Before-Sunrise
8

Quand on veut on peut

A mon grand étonnement, j’ai beaucoup aimé Rocky. Je l’ai trouvé fort, beau et simple. C’était un culte à côté duquel j’étais toujours passée, avec l’impression de ne pas louper grand-chose. Après...

le 23 janv. 2013

114 j'aime

22

Rocky
Star-Lord09
8

L'homme de la rue

Les anciens vous le diront, le Nouvel Hollywood aura toujours cet avantage de marquer son époque plus que toute autre décennie. L'authenticité d'un cinéma qui sent sous les bras qui creuse les...

le 12 janv. 2019

80 j'aime

26

Rocky
Sergent_Pepper
7

Find the gap

Il est toujours assez surprenant de s’attaquer à un mythe sur le tard. On a beau l’avoir évité depuis des décennies, ses effluves l’ont accompagné, et son culte a laissé de lui des traces un peu...

le 10 août 2016

72 j'aime

7

Du même critique

What a Wonderful World
Black_Key
9

Time for hope

Ce matin, j'ai pas envie de rigoler. Ce matin, j'ai une sacrée gueule de bois. Pas du genre qu'on fait passer en buvant je ne sais quelle mixture miracle, pas du genre qui attaque le foie en même...

le 14 nov. 2015

132 j'aime

10

Il était une fois en Amérique
Black_Key
10

Brumes et Pluies

Le temps passe. Facilement, il se confond et perd sa structure. Les souvenirs, regrets et joies se mélangent et forment un dédale infini. Les époques se recoupent, se font écho. Elles s'entrelacent...

le 17 déc. 2015

88 j'aime

23