C'est l'histoire d'une bande de guignols qui analysaient Shining

Room 237 s’avérait être le film pour comprendre le légendaire Shining de Stanley Kubrick, le film qui allait proposer une interprétation cohérente et rationnelle de mon Kubrick préféré.
Ahaha, que nenni ! Pendant une heure trente, vous allez entendre des mecs parler de leur vie et dire « moi, j’ai compris ce que voulait dire Kubrick dans son film, j’ai compris, MOI, JE ». Voilà ce qu’est donc Room 237, des guignols persuadés d’avoir raison qui déblatèrent moultes interprétations du film Shining.
En réalité, Room 237 (comme m’a dit mon prof de ciné), n’a pas pour but de proposer une autre vision de Shining. Ce film veut simplement montrer qu’on peut surinterpréter un film, que chaque personne peut avoir sa propre vision de tel film. Et comme Shining est le meilleur exemple pour prouver cette thèse, bah voilà. Donc d’une certaine manière, Room 237 arrive à prouver une chose, que chaque personne à sa propre vision de tel film.
J’ai ma propre interprétation de Shining, j’ai ma théorie sur la fin du film, vous avez votre propre théorie à vous. Tout le monde a reçu Shining à sa façon et l’a compris à sa façon. Le seul gros problème du film (et dieu sait que c’est un gros problème), c’est tout simplement les interviewés. Pendant tout le film, vous allez écouter des mecs qui sont persuadés d’avoir raison alors que ce qu’ils disent…bah c’est de la grosse merde. Sans déconner les gars, y a bien quelques idées bonnes, mais dans l’ensemble, ce qui se dit dans ce film, c’est la masturbation intellectuelle.
« OUI KUBRICK EST UN GENIE DONC SI LA CHAISE DISPARAIT AU SECOND PLAN, C’EST PARCE QUE KUBRICK VEUT MONTRER CECI CELA ET J’AI RAISOOOOOON !! ».
Kubrick avait beau être ultra perfectionniste, ça n’empêche qu’un faux raccord de sa part, c’est pas impossible. Si une chaise disparaît entre deux plans, c’est sûrement parce qu’un mec de l’ingé son avait mal au dos et qu’il a pris la chaise sans que Kubrick s’en rende compte. C’est pas parce que Kubrick voulait prouver que son message du film renvoyait aux nazis !
Oh et puis les théories du complot…putain ! Vous connaissez sûrement la théorie comme quoi Kubrick aurait filmé la mission Apollo 11 ? Bah c’est de la grosse merde. Cette théorie a été créé par un documentaire qui racontait tout et n’importe quoi, et à la fin du documentaire, dans le générique, ils disaient bien que c’était UNE GROSSE BLAGUE ! Et pourtant, y a des cons qui continuent de croire que Kubrick a bel et bien filmé un faux atterrissage sur la lune, et vont surinterpréter chaque plan de Shining pour prouver qu’ils ont RAISON (comme le T-shirt de Danny qui n’est qu’un bête clin d’œil) !
Et puis en plus, les gars parlent de la version longue de Shining. Version longue que Kubrick a lui-même renié parce qu’il trouvait que la version qu’on connait tous suffisait à elle-même. Donc utiliser la version longue pour faire une analyse, c’est aller à l’encontre de ce qu’a voulu faire Kubrick dans son film !
Je tiens à préciser que je mets beaucoup de mots en majuscule dans cette critique (ce qui est rare chez moi), c’est pour mettre en évidence l’orgueil que portent les interviewés qui m’a beaucoup saoulé pendant tout le film.
Et c’est dommage parce qu’en soit, le film est intéressant. Le montage est sympa, la musique ultra bonne et certaines théories, comme le coup du calumet de la paix ou encore celle du minotaure, sont pas mauvaises. Le film aurait pu être très bien si les voix off n’étaient pas insupportables. Oh et puis un moment, on entend un gosse crier, c’est parce qu’un des mecs interviewés a son fils derrière le micro qui pète un câble, et que le monteur pas été foutu de retirer ce moment-là dans son montage audio. Donc fuck voilà !
Ah et aussi, j’ai toujours pas réussi à voir la tête de Kubrick dans les nuages.