Room 237
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Room 237

Documentaire de Rodney Ascher (2012)

« What’s up, Doc ? Nothing, absolutly nothing… »

Je me doutais bien que ce ne serait pas un très bon film. Mais The Shining est tellement fascinant, tellement mystérieux que l’on espère toujours découvrir de nouvelles clefs de lecture de ce chef-d’œuvre.

Voyons d’abord le déroulement de la séance, il y a quasiment un an (j’ai pris mon temps pour finaliser la rédaction mais n’y voyez pas de signe particulier, c’est juste que je suis fainéant et lent…) :

Nous sommes le 17/07/2013, à 16h. Si on additionne 17, 7 et 2013, on obtient 2037, soit 237 sans le zéro ! IL N’Y A PAS DE COÏNCIDENCES. Nous ne serons pas nombreux dans cette salle, bien que mon ciné ait tardé à programmer ce film, plus tard que dans les autres villes de province. Mais c’est bon, je ne pars en vacances que dans une semaine et la climatisation apaise après le passage dans un tram en chaleur. Je suis bien curieux de savoir qui sera là, quel sera le public. J’entre le premier dans la salle, je m’installe, puis entrent les uns après les autres quatre hommes seuls, plus âgés, puis un groupe de vieilles pipelettes, qui seront les seules en groupe. Une d’entre elle voulait la septième place du sixième rang. Bien que la salle soit vide, c’est raté. IL N’Y A PAS DE COÏNCIDENCES… A part le groupe, tous les spectateurs sont venus seuls. L’expérience de Shining serait-elle trop personnelle, difficile à partager ?

Le film commence, je suis un peu tendu, j'ai lu deux trois trucs sur lui, suffisamment pour m'amener le voir. J'en attends beaucoup, tout en craignant le pire... Mais avant d’évoquer la question de ce qui nous est raconté, des différentes tentatives d’interprétation, indiquons d'emblée que le film en lui- même est à chier, si vous me permettez l'expression : on a bien droit à des images du film de Kubrick, dieu merci, mais le reste est assez lamentable, il a manifestement fallu meubler, et Rodney Ascher n'a rien trouvé d'autres que de nous placer régulièrement des plans de jeunes d'aujourd'hui au ciné matant Shining : le procédé fait preuve d'un manque d'imagination rare, et la qualité de ces images insipides contraste fortement avec les plans du maître...

Sur le plan du contenu, on peut aussi regretter que le film ne soit qu'un catalogue de diverses théories interprétatives du film : le réalisateur ne nous donne pas son point de vue, c'est à la fois appréciable et dommageable, ce genre de film ne peut être objectif, mais on peut attendre un tri, un avis, et là c'est une liste, rien de plus.

Et on nous propose quand même un beau ramassis de théories fumeuses... On aurait parfois envie d’y croire, mais non, l’argumentation reste bien pauvre… On ne nous présente même pas les auteurs des diverses théories, qui ne sont évoquées que de façon très superficielle. C’est d’une médiocrité… Shining serait un film sur le déni, celui du génocide des Indiens d’Amérique ou celui de la Seconde guerre mondiale ; le chiffre 1942 serait omniprésent, par exemple, il y aurait 42 voitures sur le parking. En vérité, merci le dvd, j’ai vérifié, il y en a 43 (avec celle qu’on aperçoit juste un moment + deux engins) ; l’enfant entrant se cacher dans le four serait une référence à l’holocauste… Kubrick aurait aussi glissé dans le film de nombreux détails évoquant le fait qu’il aurait fabriqué de fausses images des Américains sur la lune… Sans grand intérêt non plus, mais pourquoi pas, dans le générique, on verrait le visage de Stanley Kubrick dans un nuage. On peut effectivement deviner un visage dans les nuages dans le générique, mais de là à dire que ce serait celui de Kubrick, il y a un pas que je ne franchirai pas ! Qui n’a jamais inventé des dragons ou des éléments fantastiques dans les nuages du ciel, que les autres ne parvenaient pas à voir ? C’est fumeux. Quel intérêt de nous évoquer ça ?

On peut véritablement parler de masturbation intellectuelle. On sait que Kubrick accordait beaucoup de sens aux détails. Faut-il pour autant nécessairement chercher un ou des messages cachés ? Oui, le cinéma est une manipulation. Oui, de nombreuses lectures sont possibles. C’est vrai qu’on est nombreux à être en quête de sens pour ce film, on ressent le besoin d’y voir plus clair, mais faut-il donner du sens à tous les détails ? Ici, rien d’approfondi, seulement de superbes extrapolations de détails probablement insignifiants. Cessons de voir des complots et des sens cachés partout !

Ne pas tout comprendre n’enlève rien à l’aura du film, bien au contraire !

Pour finir, moi, je pense que Stephen King est le fils non reconnu de Stanley Kubrick et que le roman du premier et le film du second sont une façon cachée de régler leurs comptes, il faut bien expliquer pourquoi ils ont les mêmes initiales. IL N’Y A PAS DE COÏNCIDENCES…
socrate
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le 29 juin 2014

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socrate

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