Rukus
5.8
Rukus

Documentaire de Brett Hanover (2018)

Rukus et le Furry Fandom, un refuge face à la Souffrance

(CRITIQUE V1.5)


J'ai visionné ce film un peu méta disponible en ligne en hommage à Rukus, une certaine figure du furry fandom décédé en 2008, lors de la Furry Black Light 9 de 2021 vers 23h, faisant donc aussi de ce visionnage une sorte de Midnight Movie.


Le réalisateur (Brett Hanover) joue son propre rôle à l'époque où il souffrait déjà de TOCs et faisait des recherches sur les furries et sur Rukus par curiosité. Ledit Rukus lui donne d'ailleurs des infos un peu croustillantes sur les furries les plus apparemment dérangés, et Brett en fait un spectacle parodique avant de changer complètement de point de vue : il passe à quelque chose de plus méta et aborde le côté humain et le refuge que peut être le furry fandom face à la souffrance (contrairement à ce que disent certains haineux faisant dans le déshonneur par assimilation basée sur des cas négatifs minoritaires).


Au début, Brett avoue qu'il n'avait des furries que des clichés en tête jusqu'à ce qu'il ait été interviewé par un journaliste qui lui avait dit à propos de son spectable parodique :



Ça parle beaucoup des abus et pas tellement du fandom en lui-même.



C'est là aussi qu'on voit que le film parle justement ensuite plus de l'humain que des furries. Mais le furry fandom est ici plutôt montré sous un aspect respectable, on aborde plus la vie de Rukus, abusé pendant sa jeunesse par un père violent et alcoolique.


Rukus s'est donc forgé une identité chez les furries pour échapper à sa détresse, a forgé aussi son propre univers basé en partie sur ses douleurs d'enfance et comme échappatoire à cette douleur.
Son univers, même s'il fait un peu "jeune weeb", est sur Furaffinity et est encore consultable malgré la mort de Rukus en 2008. Ses créations restent pertinentes puisqu'elles permettent au perso éponyme d'extérioser son mal-être et ses aspirations.


Le film parle aussi de l'entourage de Rukus, de sa façon de se faire une identité (dure d'en avoir une stable quand on a été brisé) dans le fandom. Hélas, le passé de Rukus l'a rattrapé, il ne l'a pas supporté et a donc mis fin à ses jours car il voulait revoir sa mère décédée dans l'au-delà.


C'est pour cela que le film se termine par une animation avec une conversation réelle ou imaginaire entre Brett et Rukus :


Y est adapté en dessin animé la fin d'une histoire métaphorique écrite par Rukus où des protagonistes furries voient la fusion entre un monde fantasy des rêves et un monde réel entraînant un effondrement. Et où l'être à l'origine de ça, traité comme un cobaye, revoit enfin sa mère dans un monde meilleur loin de la souffrance.


J'ai bien aimé aussi les 3 différents filtres rétro pour donner une impression d’interactions entre Rukus et Brett (le 1er est mort en 2008, Brett a filmé ça pour 2018 avec l'aide de l'entourage du premier, c'est pour ça que quelqu'un d'autre fait la voix de Rukus) pour aussi rendre hommage à son ami.


Un peu avant la fin, il y a une scène où Brett joue l'ami imaginaire de Rukus enfant (joué par un autre enfant-acteur) et l'incite à terminer ses dessins et son histoire pour continuer à vivre et faire vivre son univers.


Même si je n'ai pas compris le rapport entre la vie de couple de Brett et celle de Rukus, le film est louable dans sa démarche car il a permis de rappeler qu'une personne au sein du furry fandom n'est pas quantité négligeable, est humaine et a un passé, des rêves, des souffrances et des aspirations.


Et même si le regard sur le furry fandom est ici assez furtif ou secondaire, il reste ici plus neutre et plus respectable et plus humain sur cette communauté pourtant à l'esthétisme animal.

darevenin
8
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le 3 nov. 2021

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