Je connais mal Jackie Chan, rendu frileux par son sempiternel doublage en anglais. Je ne le connaissais que pour L’Équipée du Canonball et je ne m’attendais pas à le retrouver dans un style pareillement drôle et presque autodérisoire. En plus, il parle son propre anglais, un effort auquel le bêtisier rend hommage tout en nous rendant jaloux de l’équipe de tournage qui a pu se marrer plus que nous à maintes occasions. Pourtant, les premières inflexions de Chris Tucker soulèvent déjà des commissures.
Comme si cela ne suffisait pas de transformer des enfants en bombes, Rush Hour carbure au racisme, riant de tous les amalgames possibles et du N-word affectueux. Jackie Chan et Chris Tucker forment un duo qui se complète d’une façon jamais vue auparavant : à la fois des ”compères” qu’on verrait bien dans un remake américain de film français, et les forces policières à l’américaine où n’importe qui peut devenir n’importe qui d’autre.
Comme par hasard, ce sont les personnages qui ne répondent pas à ce principe qui accrochent le moins : hélas, le méchant est d’une simplicité bondesque, et Tom Wilkinson, dans son rôle de vieux loup policier, est carrément rasoir à côté de l’énergie du duo. Il faudrait arriver à oublier que c’est un film de bons et de brutes pour ne garder que le côté Columbo marié au tonus d’une ère Michael Jackson qui arrive à la fin de sa période débridée.
Jackie Chan apporte l’assurance de combats chorégraphiés, ici intégrés dans des cascades à risques, et Retner touche du doigt les arcanes du film culte en apportant le même paradigme à l’histoire. Les dialogues sont comme dansés, souvent improvisés par Tucker, et il suffisait de ne laisser aucun répit au concept pour qu’il soit bien homogène. Au fond, Rush Hour se trouve à peine un titre (de noblesse) car il bénéficie d’un tas d’idées antérieures. Retner les a juste concentrées, mais l’humeur et l’humour ne viennent pas de nulle part.
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