Salò ou les 120 journées de Sodome par KimP
Comment dire ? Un film dérangeant qui révulse tant il a la propension à constamment pousser toujours plus loin les délires "scato-masochiste", tous cela sans jamais vraiment montrer formellement l'ampleur réelle des exactions perpétrées par les bourreaux.
J'avoue n'avoir toujours pas compris le véritable sens du film dans la mesure où je ne vois pas suffisamment bien la part dénonciatrice de l'œuvre et si cette dénonciation s'attache à mettre en exergue les travers des hommes en générale ou avant tout le régime fasciste (bien sur, l'un peu supposer l'autre et vice-versa). Évidemment, le titre du film est avant tout une transposition moderne des récits de Sade mais j'imagine que la cible de Pasolini devait être clairement identifiée. Il faut d'ailleurs s'accrocher tant les dialogues sont verbeux (voire assommants) et nombreux. La moitié de temps, ça parle philosophie, de la beauté de la torture, de la soumission encore de la merde.
Les acteurs semblent très à l'aise dans leur rôle respectif en sadique impitoyable organisant des jeux mortels pour leur petit plaisir personnel. Et quand je dis impitoyable, c'est un euphémisme, Pasolini est là pour choquer et ne va pas dans la dentelle (le sort des victimes est tout tracé). Le caractère opulent des décors et des costumes (et de la prose) contraste avec une cruauté sans limite (mais néanmoins sophistiquée).
A mon avis (je peux me tromper), je verrai ce film comme une sorte d'allégorie aux camps de concentration ou à l'état de servitude en générale (je ne fais pas nécessairement référence au nazisme), c'est à dire que la situation présentée par Pasolini met en exergue la dualité "dominant-dominé". Le pouvoir possédé entre les mains des quelques tortionnaires suffit à maîtriser un grand groupe d'individus sans défense, qui, s'ils se défendaient, pourraient éventuellement renverser la tendance. La peur de mourir et l'espoir éventuel de s'en sortir (les tortionnaires font des promesses, choisissent parmi les faibles des candidats) réfrènent justement toute velléité de liberté, ce qui permet donc de s'adonner à tous les pires vices. Le lien de domination enchaîne les faibles et est malheureusement inéducable.
Le film fascine autant qu'il dérange, notre regard ne peut s'empêcher de se fixer sur l'écran, il est captivé, emprisonné même, dans nos propre vices. C'est un peu ça qui le plus inquiétant finalement, c'est l'impression de regarder un Loft Story hardcore afin de satisfaire nos propres pulsions libidineuses.
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