Et dire que certains écervelés les agressent à ciel ouvert...

Sauver ou Périr. Voici un film qui n'aura jamais aussi bien porté son nom. Le titre fait écho à la devise adoptée par les sapeurs-pompiers de Paris et mine de rien, il résonne encore dans ma tête comme un bruit fracassant après que j'eusse été sujet de cette histoire qui nous donne une véritable leçon de vie et nous rappelle au combien la vie est précieuse. Elle nous rappelle aussi que nous ne pouvons pas tout maîtriser, plus particulièrement face aux éléments naturels. Le film est directement inspiré de faits réels, ce qui lui apporte un relief supplémentaire.


Vous l'aurez donc compris, une intervention va changer à jamais la vie d'un homme et celle de ses proches.
Cet homme, c'est Franck Pasquier. Pompier depuis l'âge de 18 ans, c'est un homme dévoué et déterminé à sauver des vies. Récompensé par ses efforts sur le terrain et accepté à la suite de résultats favorables à un concours écrit, il monte en grade et devient sergent de la brigade anti-incendies. Il est père de deux petites filles jumelles depuis peu, et compte tenu des circonstances qui vont arriver, son rôle paternel va lui donner énormément de force. Sa femme, Cécile, vit avec lui une très belle histoire et attend davantage de leur jeune couple, elle rêve d'expansion et d'accomplissement. Malheureusement, leur vie va basculer quand un jour, Franck doit circonscrire un incendie de grande taille. Le feu met en danger certains de ses hommes et dans un geste courageux, il se sacrifie pour leur venir en aide. Il sera alors atteint à la colonne vertébrale d'une blessure importante et va rester coincé entre les flammes, ce qui va lui causer des brûlures irréversibles au visage : il restera six mois dans le coma, et va pendant d'autres longs mois subir des opérations dans le service hospitalier des grands brûlés.


Les deux personnages de Franck et Cécile sont millésimés par l'interprétation de l'excellent Pierre Niney, dont la réputation sur la scène française n'est plus à faire et qui a une fois de plus été incroyable dans ce rôle, en passant par diverses étapes de la tourmente de l'accident à la résilience de son personnage, et celle de la superbe Anaïs Demoustier qui signe là une véritable performance d'actrice. Je dois dire que je ne la connaissais pas des masses, et en la voyant laisser éclater ici son talent, je ne peux qu'être curieux d'aller voir plus en détails sa filmographie. Les deux acteurs subliment et nous font vivre les scènes avec une aisance et une émotion remarquable. Ils apportent tellement de crédibilité à la fiction que ça pourrait au final nous faire penser à un documentaire.


Question réalisation, Frédéric Tellier nous livre un deuxième long-métrage parfaitement maîtrisé, très bien écrit, et une mise en scène bien construite. Sans que l'on ne s'étale de trop sur les scènes à la fois stupéfiantes et difficiles à supporter, le spectateur est au plus proche du vécu de nos protagonistes et les plans caméra sont faits de telle sorte que nous ressentions une forte émotion, parfois la même que celle des personnages, que ce soit au niveau du sentiment d'impuissance, de déséquilibre, d'incompréhension, de colère, de dégoût ou que ce soit au niveau du sentiment de soulagement, de compassion, de joie, de fascination, de fierté, de soutien. Les plans et prises de vue expriment souvent quelque chose en plus. Ça contribue grandement au sentiment de proximité que le spectateur a (en tout cas que j'ai eu) vis-à-vis du couple et de la famille de Franck.
De ce fait, je peux comprendre que le film ait pu recevoir de belles récompenses comme celles du meilleur film au Festival du Cinéma de la Baule, ainsi que la Foglia d'Oro Speciale Cinema Civile au Festival de Florence.


En voyant ce genre de pépites, je suis désormais intimement convaincu que le cinéma français a encore beaucoup de ressources, et qu'il faut que ces dernières puissent être exploitées intelligemment.

Korridex
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le 26 juil. 2020

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