Frank Poupart est fatigué et Frank Poupart bascule dans la folie, doucement. On découvre un doux-dingue, paumé et attachant pour finir avec un psychopathe.


Représentant de commerce, il trimballe sa valoche de porte en porte pour fourguer tout et n’importe quoi sans trop y croire. Sa femme Jeanne (Myriam Boyer) est aussi au bout du rouleau, la maison est un taudis, elle a oublié de l’entretenir depuis bien longtemps.


Au hasard de ses ventes, Franck frappe chez la Vielle et rencontre la toute jeune Mona, à peine 15 ans. La tante maquerelle la vend au premier venu. Franck, « Poupé » pour les intimes, est troublé par la petite et l’histoire se met en place.


Patrick Dewaere est au sommet de son art, un vrai numéro d’artiste en déséquilibre, il réinvente le dialogue, lui donne toute sa dimension. Il bouffe l’écran, sa gueule d’ange déchu et sa gouaille font de ce film un film culte.


On déguste chaque plan, chaque roulade, chaque virage dans cette banlieue grise qui ressemble à un no-man’s land et où l’hiver semble régner toute l’année.


La petite Mona est belle mais si étrange. Une jeune Marie Trintignant, mal dégrossie et quasi autiste mais c’est Dewaere qui porte le film et on reste fasciné par sa prestation.


Andreas Tikidès (Andreas Katsulas) est un monstre de chairs et de muscles avec un coeur de géant et une âme d’enfant. La scène de biture avec Dewaere est inoubliable.


On croise Bernard Blier, il est grandiose en patron roublard, cupide et charognard.


Des dialogues au cordeau, des répliques intemporelles, du petit blanc un soir d’été sous la tonnelle: « …Makach-Bezef-Bono », « …The velours of the estomac… », « …Trou du cul sans fesse.. », « …pauvre con du dimanche… », « … chercher midi à 14h 15… », « …Je suis rentrée, j’avais la clef , c’est pas difficile… Alors toi si tu as un timbre, t’envoies une lettre…. » et j’en passe.


Puis une fin tragique à la hauteur du scénario et d’une mélancolie qui part avec la déraison. Une BO qui souligne le film avec finesse.


Alain Corneau et Georges Perec nous offrent un film incontournable et donne une touche à la Audiard à cette adaptation d’un roman plus que noir de Jim Thompson.


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le 29 août 2016

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