C'est une décadence qui commence avec un nom : Poupart. Personne ne s'appelle comme ça sans avoir une existence merdique.
Sauf qu'il est là, à gesticuler tout seul, à se révolter, à s'offusquer, à s'indigner. La réussite est très modeste. Des efforts pour des clopinettes. Alors quand il rencontre une petite Marie Trintignant de 17 ans, toute mutique et mignonne qu'elle est, c'est le début d'une longue et triste dégringolade sociale. Poupart peut lui faire dire n'importe quoi, le monde s'en fout, il est mort debout. Cette fille, c'est un mirage...

Les paysages apocalyptiques des terrains vagues se succèdent, ils sont le théâtre mouvant du bordel et de décisions précises. Des objectifs pour réussir au moins quelque chose, une fois, dans une chienne de vie. Même réussis, ces objectifs donnent lieu à des situations rocambolesques, à des maîtres-chanteurs de tous poils.

La fin vous paraît heureuse ? Mais c'est toujours considérer que Poupart n'a rien fait pour lui. Il continue de donner son cul et sa chemise à cette bande de parasites et de morts-vivants. Sur ce point, le film ne s'arrête jamais et Dewaere exploite très bien son côté chien fou, accablé et détestable. En revanche, l'histoire demeure factuelle et le spectateur, lui, regarde, mort-vivant, sans emprise, sans retirer quoi que ce soit d'intéressant dans l'analyse critique.
Andy-Capet
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le 17 déc. 2012

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Andy Capet

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