Un grand film d'action crépusculaire qui surpasse l'esthétisme froid de Villeneuve

Réalisé par l’italien Stefano Sollima, fils du grand Sergio et metteur en scène de talent quand il s’agit de produire un cinéma d’action pure de qualité, ce Sicario La Guerre Des Cartels gagne en efficacité ce qu’il perd en esthétisme par rapport au premier volet signé par le québécois Denis Villeneuve.


D’un point de vue scénaristique, le film tend à s’emmêler un peu les pédales en s’ouvrant sur un acte terroriste islamiste pour enchaîner sur une guerre ouverte lancée par la DEA contre les cartels du sinaloa en enlevant la fille d’un baron du milieu et en faisant croire que l’acte a été commis par les membres d’un cartel adverse. S’enchaîne une traque sans merci à travers la sierra désertique mexicaine filmée dans une ambiance tendue avec utilisation d’effets jamais pompeux, une excellente musique qui même si elle soutient en majeure partie cette ambiance lourde n’est jamais envahissante et participe, en plus d’utilisation de grand angle et de plans aériens de toute beauté, à installer un climat crépusculaire.


Les acteurs, les costauds Josh Brolin et Benicio Del Toro assurent parfaitement leur rôle respectif dans la peau d’agents traqueurs qui au final font ressortir la posture chevaleresque de leur personnage par une opposition au système officiel, l’état américain et la police corrompue mexicaine, ces derniers n’étant jamais innocents dans leur manière de déclencher des conflits engendrant le chaos.


De l’esthétisme parfait mais froid et de la mise en scène au cordeau de Villeneuve, Stefano Sollima choisit plutôt la voie de l’action pure, sans jamais sacrifier le cadrage avec des scènes aériennes de toute beauté notamment, et réussit des scènes de fusillades ultra-maîtrisées à l’ambiance lourde, j’ai souvent pensé à la manière de faire de Ridley Scott dans son excellent La Chute du Faucon Noir, dans le genre incursion au cœur du feu…


Au final, même s’il possède quelques petits défauts, dans l’écriture notamment, le film d’une durée de plus de 2 heures quand même, passe très vite, et sans jamais s’ennuyer ou avoir envie de se gausser quand à une quelconque grossièreté des scènes d’action. Un Grand film de chevalerie finalement.
C’est soigné, très réaliste et maîtrisé d’un bout à l’autre par un réalisateur qui mérité de se faire une place au panthéon des meilleurs réalisateurs de films d’action contemporains.


A quand un western à la papa ?

philippequevillart
7

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Créée

le 2 juil. 2018

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