CHRONIQUE EXPRESS: Adaptation du livre d'un romancier japonais, Shusaku Endo, Silence recoupe avec la signature de son concepteur, Scorsese: un long spectacle, une photographie de grande envergure, un décor lentement planté.
Ni un biopic, ni un De Niro, ni un Dicaprio, et par la moindre scène sur le sol américain.
Silence est une ode, un hommage aux prêtres jésuites partis évangéliser l'Asie et à leurs fidèles. Une mission des plus dangereuses dans un Japon de l'ère Tokugawa, isolationniste, rejetant toutes ingérences religieuses des occidentaux.
A la fois original dans son propos, cruel dans sa mise en scène et ambivalent dans sa morale, Silence est une odyssée muette intéressante, pour peu que l'on se soit pas freiné par de longues et monocordes scènes.
Il légitime autant la croyance en Bouddha, par contraste au christianisme, que la dureté féodale de la société japonaise; celle qui n'autorisait même pas aux plus pauvres une foi consolatrice. L'apparente sérénité du pays du soleil levant contraste donc avec ces persécutions, ne concernant que les plus humbles japonais.
Donnant la part belle à Andrew Garfield, épaulé par un Liam Neeson convainquant, Silence permet enfin au jeune acteur de dépasser ses habituels rôles braves mais niais.
Reste qu'après le racoleur Loup de Wall Street, Scorses compose une oeuvre contemplative, ressassante, où l'enfer chrétien est pavé de bonnes intentions.