Il aura fallu attendre 9 ans pour voir naitre la suite de Sin City, laps de temps bien longuet pour conserver une attente digne de ce nom. Son aura s’est sans doute évacuée, devenant un véritable acte manqué. Le nouvel opus arrive comme un cheveu sur la soupe et ce n’est qu’un doux euphémisme. Mais pouvions nous espérer mieux au vu d’un film catastrophique comme The Spirit (Miller) ou Machete Kills (Rodriguez). Sin City a pris un coup de vieux, malgré ses quelques changements de casting (Eva Green, Joseph Gordon Levitt), la ville est malade et a perdu tout son charme fiévreux. Rodriguez ne semble plus s’intéresser à ce qu’il film, se complaisant dans une mise en scène et un montage faits à l’arrache. Un coté cheap/old school assumé mais pas inspiré.
Frank Miller nous ressort la même recette, toute fois composée avec des ingrédients périmés, pour réaliser un film avec des intrigues à tiroirs qui finiront par se croiser sans qu’on s’y attache réellement. Avec comme point d’orgue, cette dernière vignette sur la vengeance du personnage de Jessica Alba tombant dans l’indifférence la plus totale. Des gueules cassées, des prostituées, des femmes fatales, des mafieux au pouvoir et corrompus, des amoureux troubles. On est en terrain connu. Le seul corps foudroyant d’Eva Green, à la nudité sublimée, ne permettra pas à Sin City de retrouver une sève venimeuse face à ce qui ressemble à une parodie de film noir avec son atmosphère cartoonesque.
Le souci provient premièrement de ce visuel, si dynamique auparavant avec cet aspect rétro qui faisait la fougue et l’originalité de sa stylisation à la fois glauque et démentielle, une élégance qui n’existe plus, un petit humour grinçant profitable. Sin City a un côté daté, ringard, une classe d’antan éclipsée, avec des insertions visuelles grossières, dès les premiers instants où l’on suit ce bon Marv sur les routes intrépides menant à Sin City, ville de tous les malheurs, de tous les mystères mais qui n’enchante plus, qui ne fait plus frissonner. Le nihilisme, la folie du premier volet, sa violence criante de couleur dans un cadre noir et blanc feutré a disparu. De ce fait, ce qui choque au vu de ce film c’est sa lenteur, son apathie narrative lourdingue pour un long métrage d’une durée de 1h40.
Le charme de Sin City s’est évaporé dû au manque de surprise : ses personnages qui se lancent dans ses monologues en voix off faits de diatribes sinistres sur le désenchantement de cette ville crasseuse de Sin City, ses fulgurances sanglantes visuelles qui tachent notamment avec la « douce » Miho, on sent le travail bâclé surtout dans ce récit anecdotique jamais passionnant. On sent à plein nez la suite faite de force, avec un manque d’impact, un défaut d’intérêt. Mickey Rourke est le symbole de ce film : il avait une certaine allure esthétique et thématique durant le premier film mais là, il ennuie malgré la force de ses coups de poings.