Critique de Snowpiercer - Le Transperceneige par LuluCiné
Bong Joon-Ho refait un film, woohoo ! Je vois la bande annonce et pas woohoo...
La lutte des classes ne m'aide guère à m'enthousiasmer, c'est pire elle tue dans l’œuf mon envie de voir le film. Quelqu'un de mon entourage me dit qu'il n'y a pas de soucis, la lutte des classes n'est pas le sujet principal de Snowpiercer, cette personne m'a menti.
Un train qui reflète l'humanité pour les pessimistes !
N'allez pas croire que je suis une connasse capitaliste, je ne suis pas contre la lutte des classes, je suis juste contre le cliché et le précepte qu'on nous glisse gentiment que le gentil est pauvre et que le méchant est riche. Et puis je ne suis pas complètement tarte, la lutte des classes ça existe encore ; ce qui me fait sourire c'est surtout les grands pontes d'Hollywood qui reprennent en cœur le principe des pauvres gentils contre méchants riches alors que l'Amérique aime le démesurément grand.
Mais ok, le film commence, c'est un brin caricatural, mais on pose le wagon de la troisième classe qui tente d'échafauder un plan pour aller au devant du train. Pour bien appuyer le propos on enlaidi Tilda Swinton qui nous sort le discours du chacun à sa place. On saisi très vite le message.
Moi je trouve ça bien que ces braves hommes essayent d'échapper à leur condition, et on est d'autant plus curieux de ce qu'ils vont découvrir portes après portes.
Malheureusement on sait tous ce qu'il y a derrière les portes, une enfilade de gens propres qui ne se soucient guère de ceux d'en bas, la hiérarchie quoi ! Ne croyez pas qu'on évitera tous les clichés du genre, ah non, on y va à fond avec des enfants endoctrinés, des discours bien sentis sur les crados inutiles de troisième classe et le super créateur du train. Une estafilade de riches au sauna, de riches dans la piscine, de riches chez la manucure, de riches en soirée... Bref tout ça pour arriver au grand manitou, à Dieu lui même, le créateur du train.
Lui aussi aura son lot de discours prêchant la bassesse de l'humanité et son quota de rationnement irraisonné pour maintenir son tchou-tchou en place.
L' aberration d'un message X fois vu, X fois entendu et qui malheureusement ne sort pas des sentiers battus.
Dans tout ce chaos apparaît pourtant notre absolution, notre fantasme d'un film bien mené en la personne de Nam. C'est bien simple, le réalisateur à donné à ses fidèles acteurs de The Host les personnages les mieux écrits, sans fioritures, neutres et allant droit au but. Nam et sa fille sont le seul atout du film, une ombre coréenne laissant entrevoir le potentiel du réalisateur. On pense que tout changera avec eux mais malheureusement ils restent bel et bien une ombre et ne prennent pas assez la place pour construire cette aura si particulière qu'ont les films coréens. J'ai eu la même impression que pour Stocker où Park Chan Woo se travestissait en américain sans parvenir à cette essence asiatique.
Un film bourré d'erreurs, il est toujours plus facile de voir les erreurs quand on a pas aimé le film mais quand même, là elles ont commencées très tôt, avant même mon opinion sur celui-ci. Le montage est par moment bâclé, le scénario doit certainement suivre la bande dessinée bien que je ne la connaisse pas, et confère cette idée forte du message cité plus haut. Des contre-sens, des menues choses incohérentes dans le script sont venus souffler à mes oreilles un vent de révolte (pourquoi donc ce plan mystérieux où on frappe le couple de violonistes, quelqu'un ne se souvient plus du goût du steak alors qu'il n'était qu'un bébé à son entrée dans le train, pourquoi cet homme robot qui se relève pour achever sa mission meurtrière... J’arrête là, ma liste des pourquoi est trop longue).
Après c'est pas mauvais comme mise en scène. Les combats sont bien coréens, le film oscille entre le noir et le bonbon, pure folie que le wagon des enfants si proche du wagon sanglant. Le second degré vient tout juste alléger quelques scènes mais sans que j'y croie pour autant. Il y a pour le coup une vrai montée vers la lumière dans cette allégorie, on passe des derniers wagons miséreux au tunnel de la mort pour découvrir l'Eden.
Moi je ne vous mentirais pas, il est bien question de lutte des classes mais c'est quand même trop cliché pour y adhérer ; quitte à tous survivre dans un train pourquoi ne pas croire en l'autre potentialité de l'être humain, la seconde guerre mondiale a autant vu de collabos que de résistants après tout ; si le message ne me séduit pas le moins du monde, je me laissais par moment guider par les quelques bribes du réalisateur Bong Joon-Ho, juste pour me raccrocher à ce foireux scénario, juste pour l'envie de croire aux seuls personnages intéressants pour qu'on nous ne refasse pas le coup d'Adam et Eve.