Il n'y avait, à part un petit crush sur la belle gueule de Jamie Bell, aucune raison pour que je pose mes fesses dans une salle obscure pendant deux heures devant ce film... Je suis hermétique à la violence et aux combats chorégraphiés symptomatiques d'un certain cinéma asiatique qui me gonfle... Cette histoire de train dans un monde post-apocalyptique laissait présager une esthétique steampunk usée jusqu'à l'os... Chris Evans était jusqu'alors une raison suffisante pour renoncer à un film ( comme Antonio Banderas ou Sophie Marceau ) ... Enfin, le groupe de survivants que le destin emprisonne dans le huis-clos qui va bien, microcosme symbolisant notre humanité entière, c'est quand même la parabole politique la plus convenue qui soit. J'avais définitivement classé Snowpiercer dans la catégorie S.F/Action qui a envie de "dire quelque-chose de puissant". Pénible.
Bref, j'envisageais une soirée glandouille sur le net, SC en l'occurrence.
Et puis, surprise! Parmi mes éclaireurs les notes et avis sont plutôt positifs : Lazbean que je sais particulièrement intransigeant avec la SF lui met 7 et le recommande, tout comme Guyness pas spécialement tendre en général, l'apothéose étant Torpenn et Senscritichaiev qui lui accordent un 4, ce qui pour un mec bon public comme moi équivaut à un 11/10. J'enfile donc mon blouson et brave les rigueurs climatiques de ce novembre cafardeux tel les héros que je m'apprête à admirer.
Veni, Vidi, Vici. Je suis incapable de mettre le doigt sur ce qui m'a permis de surmonter mes à-priori.
Suite à une glaciation provoquée par l'humanité, celle-ci est réduite à une poignée d'individus contraints pour survivre à l'enfermement dans un train roulant sans arrêt. ( Pêché originel, expulsion du Jardin d'Eden, déchéance prométhéenne, Déluge et Arche de Noé, tout ça est un peu vu et revu depuis des millénaires et ce serait cool que la SF renouvelle ses poncifs.) Ce n'est pas crédible un instant, à moins d'une improbable fusion entre Alstom et Damart dans le futur. Les passagers des wagons de queue sont pauvres et opprimés, vrais "damnés de la terre" (enfin du train), à l'avant vivent dans le luxe et la décadence les classes "bourgeoises" qui à travers le mystérieux concepteur du train et de son moteur perpétuel détiennent le pouvoir. ("l'outil de production" pour rester dans une lecture marxiste.) Au premier abord, l'action consiste pour les prolétaires à traverser le train s'emparer de "l'outil de production", renverser le système et créer une société plus égalitaire. Voilà, voilà... Quelques minutes après le début du film, je sens venir le message fort sympathique mais lénifiant et je maudis SC.
Me reste donc à utiliser le supercalifragilisticexpialidocious de tous bons cinéphiles, autrement appelé dans les facs de ciné : La suspension consentie du principe d'incrédulité. Bref, pas faire son intello péteux, se détendre, donner sa chance au film et espérer que Jamie Bell finira au moins torse poil.
Ben, j'ai bien fait.
Ce film fonctionne et même très bien. La progression dramatique est rythmée par une succession de décors ( la "prise" de chaque wagon ) de plus en plus surréalistes qui malgré l'atmosphère oppressante et claustrophobe permanente permet le surgissement de véritables moments poétiques : fulgurances incongrues et sublimes. La violence montrée est relativement maitrisée ( on échappe pas à un peu d'outrance mais sans gratuité ). Le scénario est impitoyable pour les personnages, c'est une hécatombe. Tous les acteurs sont bons. ( même les gamins et Chris Evans ! ) Le propos est noir et pas du tout cucu-la-praline. J'ai été littéralement sidéré par le génie pervers du tout dernier plan du film : ce très très relatif "happy-ending" dont on nous laisse imaginer qu'il pourrait basculer dans l'effroi et l'absolu désespoir.
Chapeau et merci mes éclaireurs.
#SPOILER#
Jamie Bell ne finit pas torse poil.//
mattidejoux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 nov. 2013

Critique lue 429 fois

3 j'aime

mattidejoux

Écrit par

Critique lue 429 fois

3

D'autres avis sur Snowpiercer - Le Transperceneige

Snowpiercer - Le Transperceneige
Strangelove
8

I like Trains !

Comment vous expliquez cela ? Comment vous exprimer toute l'excitation qui est la mienne à la sortie de ce film ? Je l'attendais vraiment énormément. Certes moins que Gravity. Mais au final, le film...

le 30 oct. 2013

170 j'aime

27

Snowpiercer - Le Transperceneige
Sergent_Pepper
5

Notre train (train) quotidien

Face à Snowpiercer, deux choix s’offrent au cinéphile : voir un blockbuster de qualité, ou voir le décevant nouveau film de Bong Joon-Ho. Pour peu qu’on m’ait trainé dans un cinéma pour un film...

le 9 déc. 2013

149 j'aime

20

Snowpiercer - Le Transperceneige
Gand-Alf
8

L'esprit dans la machine.

A l'instar de ses compatriotes Park Chan-Wook et Kim Jee-Woon, le sud-coréen Bong Joon-Ho tente à son tour de séduire le marché international avec cette co-production entre la Corée du Sud, les USA...

le 15 nov. 2013

124 j'aime

3

Du même critique

Piranhas
mattidejoux
4

Critique de Piranhas par mattidejoux

Vraisemblablement produit pour courir après le succès des Dents de la Mer, Piranhas ne parvient ni à ménager un suspens, ni à élaborer ses personnages. Bref il ne fait pas peur, à peine un peu...

le 24 août 2012

6 j'aime

V pour Vendetta
mattidejoux
3

Critique de V pour Vendetta par mattidejoux

V pour Vendetta avec son cousin Matrix ( les réalisateurs du second sont les producteurs du premier ) sont les films les plus surestimés de ces dernières années. Après Arsène Lupin, voici le...

le 13 avr. 2012

4 j'aime

Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi
mattidejoux
4

Critique de Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi par mattidejoux

C'est très long, très décousu, très gnangnan, bref pas inspiré du tout. On voit par contre le maouss-budget à l'écran, ce qui quelque part doit être un point positif. À la décharge de Peter Jackson,...

le 2 févr. 2012

4 j'aime