L'arche du blizzard éternel
Snowpiercer fait sans conteste partie des films où le (interdit -12 ans) est largement justifié.
Adapté d'une bande dessiné française des années 80 -le transperceneige- le long-métrage se distingue premièrement par une réalisation diversifiée: casting international, réalisateur coréen pour un scénario venant de l'hexagone.
La métaphore d'une poignée de survivants dans une arche (ici un train), au sein d'un monde post-apocalyptique- met en scène une séparation cruelle entre l'opulence des premières classes et la misère des autres. Là où les premiers vivent de façon luxueuse dans cette prison roulante, les seconds sont littéralement traités comme du bétail et des esclaves; donnant lieu à une révolte pour prendre possession des machines du train.
Chaque bribe, chaque parcelle de Snowpiercer a été étudiée pour maintenir une tension glauque et le sentiment que la mort peut frapper de n'importe où. Certaines scènes de combat, de torture ou de souvenirs abominable sont ainsi totalement dépourvues de musique; pour alourdir encore une atmosphère de lutte sans pitié.
Dans le même sens, le film recèle des contrastes choquants entre des scènes de violence impitoyables et des plans fantastiques voir merveilleux; là où l'intrigue peut basculer en quelques secondes d'une situation paisible à un bain de sang ignoble.
Ce procédé, courant dans le cinéma asiatique, a néanmoins le défaut de couper l'action en pleine route. L'adrénaline, qui devrait être un axe fondateur des films d'action, retombe trop souvent pour plonger dans un abîme de tristesse ou de péripéties malsaines. C'est un choix de réalisation, encore rare dans œuvres hollywoodiennes, que chaque spectateur pourra ou non apprécier.
Chris Evans campe, avec surprise, un bon rôle de meneur de rébellion torturé à la froide détermination; bien loin du simpliste Captain America.
La loi de la survie est ici maîtresse absolue, et toute notion d'humanité a disparue en même temps que le départ du train. Enfin, la conclusion métaphorique est certes optimiste, mais manque de réalisme et est un contraste de plus par rapport à la violence du film.
Ceci dit, on ne peut nier que la colonne vertébrale de Snowpiercer -son scénario de révolte, de survie et de manipulation- tient bien la route. Là où un Hunger Games pointerait les déviances d'un immense système tyrannique, le transperceneige se réserve une vision atroce de l'humanité cloîtrée pour sa survie.
Une vision plus que choquante, seulement pour un public averti et amateur du genre.