La compréhension du film fait appel à de fines qualités d’observation. Pour évoluer dans ce labyrinthe spatio-temporel de plus de 3 heures, jonché d’ellipses, chaque détail est important, essentiellement dans les images : un téléviseur des années 80, une mèche de cheveux blancs, tantôt une moustache, tantôt un visage glabre, un smartphone… Quelques mots lancés ici et là permettent de se repérer à qui reste attentif.
Plusieurs époques se mêlent et mènent vers les jours actuels, non sans allées venues d’une époque à l’autre, avançant toujours davantage vers la vérité des faits et la vérité des sentiments.
Cette gymnastique intellectuelle à travers le temps se fait parfois au détriment de l’émotion, mais c’est peut-être une façon d’être pudique.
C’est l’histoire d’un couple d’ouvriers, de leur fils, Xingxing, et de leurs amis proches, deux couples avec des enfants. En filigrane, l’Histoire de la Chine depuis les années 80, dont le fil conducteur reste la politique sur l’enfant unique. Le rapport aux enfants est central et essentiel, au coeur de cette narration éclatée.
J’ai beaucoup aimé la photographie, belle et précise, tout le travail sur le vieillissement des personnes des lieux et des objets. Les événements les plus graves sont finement amenés, davantage suggérés que frontalement filmés.
Pas une minute d’ennui devant ce film complexe, porté par des acteurs expressifs et impliqués malgré une grande retenue.
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