Double maléfique et rituel du crime, bienvenue chez Hitch... euh! De Palma!

Première incursion de Brian de Palma dans un genre auquel il donnera ses plus belles lettres de noblesse, et dont il deviendra l'un des maîtres absolus, en l’occurrence le thriller horrifique. Quand on parle de thriller et de De Palma, on est obligé de faire référence à son maître et inspirateur, le grand Alfred Hitchcock, tellement son cinéma est en prise direct avec celui du réalisateur de Pyschose.


Dès le générique, il y a un arrière-goût Hitchcockien avec une mélodie stridente et acérée, signée de l’acolyte incontournable du maître, Bernard Hermann himself. Les références à son inspirateur ne cesseront de jalonner son cinéma.


Mais De Palma, n’est pas qu’un simple copieur inspiré par, il crée son propre style, sa propre manière de faire avec des procédés de mise en scène qui en feront une référence lui-même. Réalisation labyrinthique, personnages torturés, utilisation du split-screen et plongées/contre-plongées fréquentes, autant de procédés propre à son cinéma, qui au-delà de l’ancrer dans une stylisation évidente donne à son cinéma une sensation de vertige et d’instabilité permanente dont ses personnages sont clairement les victimes ou instigateurs.


Avec Sister, il est question d’un thème qui jalonnera fréquemment ses futures œuvres, celui du double maléfique plus que probablement induit par son absolue obsession du Psychose de qui vous savez.


Alors d’expérimentations visuelles il est bien entendu question dans ce film dont certains défauts évidents, viennent entacher le parfait déroulement. Notamment un jeu des interprètes secondaires assez mitigé, si l’on fait exception de celui des deux actrices principales, dont une Margot Kidder en jumelle inquiétante d’ambivalence, Jennifer Salt en journaliste fouille-merde, ainsi qu’un William Finley, le futur Winslow, fameux compositeur maudit du chef d’œuvre de De Palma Phantom Of The Paradise, dont le physique est à lui tout seul un objet de dissertation sur l’étrangeté au cinéma.


Il y a également ce rituel de sacralisation du crime qui sera particulièrement marquant dans ses futures œuvres et qui explosera littéralement dans le génial Pulsions. Avec des meurtres graphiquement extrêmement violents qui viendront créer une sorte d’électrochoc dans un déroulé jusqu’alors plutôt basé sur l’attente. Tout prépare à l’inévitable explosion de violence chez De Palma, son cinéma est totalement induit par cette implacabilité sous-jacente.


Malgré ses défauts évidents et son jeu d’acteur qui peut parfois faire sourire, même si je reste persuadé que le cabotinage de certains personnages peut être mis sur le compte d’une volonté du réalisateur d’inclure une sorte de second degré ou d’ironie dans ses œuvres plutôt sombres. Une façon de détendre l’atmosphère avant le déchaînement d’atrocités en tout genre.

philippequevillart
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Brian de Palma

Créée

le 2 oct. 2019

Critique lue 118 fois

3 j'aime

Critique lue 118 fois

3

D'autres avis sur Sœurs de sang

Sœurs de sang
DjeeVanCleef
7

La métamorphose

Ainsi, c'est avec Sisters que Brian naquit au cinéma. Je veux dire tel qu'il est reconnu, aimé par beaucoup, conspué par d'autres. Il avait déjà à son actif quelques panouilles mais sa filiation...

le 14 juin 2014

43 j'aime

4

Sœurs de sang
Docteur_Jivago
7

Fenêtre ensanglantée

Septième film de Brian De Palma, celui de la révélation et le premier d’un style qui lui sera caractéristique par la suite, Sœurs de sang nous fait suivre une journaliste qui va mener sa propre...

le 30 mai 2014

34 j'aime

4

Sœurs de sang
Torpenn
4

Bienvenue à Twin pique

J'ai toujours eu une légère tendresse pour Brian, je ne sais pas trop, le fait qu'il assume sans faillir son petit côté bis sans trop chercher à nous convaincre qu'il est en train d'écrire l'Illiade...

le 31 oct. 2013

29 j'aime

12

Du même critique

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

18 j'aime

2