Psychose sur cour

1973, Brian de Palma est un jeune réalisateur sous influence Hitchcockienne. Il va se référer aux classiques de celui-ci pour sa première réalisation majeure "Sisters", un thriller paranoïaque et sanglant. Le casting repose sur de jeunes premiers : Margot Kidder, Charles Durning et William Finley.

Danielle Breton (Margot Kidder) est une jeune femme canadienne, qui vit de petits rôles et de mannequinat. Elle va rencontrer un jeune homme lors d'un jeu télévisé inspiré de Derrière la porte verte (ou Le voyeur pour les experts). Un homme se présentant comme son mari, va perturber leur soirée. Cela n’empêchera pas, le jeune homme de suivre Danielle breton chez elle et d'y passer la nuit. Mais la sœur jumelle de celle-ci, Dominique Blanchion, va s'immiscer entre eux et assassiner son amant, sous les yeux d'une voisine se situant dans le bâtiment d'en face, la journaliste Grace Collier (Jennifer Salt). Elle va prévenir la police, mais il n'y a aucunes traces du corps, ni de la sœur.

"Psychose" et "Fenêtre sur cour" s'imposent comme références dans l'histoire. Le premier pour l’ambiguïté du personnage principal, Danielle Breton, ou l'on se demande si sa sœur jumelle existe vraiment, ou si elle a un dédoublement de personnalité. Le second pour le voyeurisme de la journaliste Grace Collier, témoin du meurtre au travers de sa fenêtre, qui va devenir son œil sur l'appartement des sœurs.
La question aussi se pose, sur ce supposé mari, Emil Breton (William Finley), au physique atypique, qui ne passe pas inaperçu (on a pu l'apercevoir parmi le public lors du jeu télévisé). Un homme aussi ambigu que sa femme, un couple mal assorti, mais lié par un passé, qui sera découvert au fil du récit.

Le temps a fait des dégâts, 41 ans plus tard, le film souffre des nombreux défauts visuels ou narratifs. La jeunesse de Brian de Palma et de son casting, rend l'ensemble obsolète, malgré l'utilisation de divers techniques cinématographiques, comme le split screen dans la course qui mène à la disparition du corps, conjugué à l’arrivée de la police.
Cela ressemble à un film amateur par moments, surtout dans son interprétation avec Margot Kidder et sa tête de victime dépressive, qui saura taper sur les nerfs, du début à la fin. Pourtant, elle va avoir une carrière, au contraire de Jennifer Salt, bien plus convaincante. Williams Finley use de son physique et de ses lunettes de mouche, pour distille l'angoisse. D'homme semble-t'il soumis, il va se révéler plus sombre et uni par le sang à Margot Kidder et sa sœur siamoise.
"Freaks" et "Le cabinet du docteur Caligari" sont les autres références, qui apparaissent dans la seconde partie du film. Le pillage de Brian de Palma dans diverses œuvres cinématographiques, lui a valu de nombreuses critiques négatives, lui reprochant un manque d'originalité. On peut aussi y voir un hommage à ses œuvres et la faculté de les faire vivre ensemble. J'opte pour la seconde, car il est aussi techniquement doué et a su insufflé une modernité dans la réalisation, lors des années 70 & 80.
Mais comme je l'ai souligné au début, le temps a fait mal au film. De nombreuses situations sont improbables, voir ridicules, surement dû à un faible budget et un manque de temps pour peaufiner les détails. Le suspense étant un peu poussif, l’ambiguïté ne s'installant pas vraiment, puis Charles Durning en détective privé, dont on se demande encore l’utilité, même s'il est sympathique, il ne mène à rien, nous laissant dans une impasse lors du final.

Une oeuvre mineure de Brian de Palma, mais qui pose les bases pour les suivantes : Obsession, Pulsions, Blow out et Body double. Il en est aussi le scénariste et va continuer de piocher dans divers films pour créer son propre univers, posant sa marque sur son cinéma, plus proche de Dario Argento, que du maître Alfred Hitchock.