Son épouse par Hugo Harnois
Une salle où est assise en cercle une dizaine de personnes. L'ambiance est aussi grave que les visages qui se scrutent les uns les autres. Puis une femme prend la parole, se présente, et avoue qu'elle est sous Subutex depuis sept ans. Catherine aimerait le dire à Joseph qui est également dans cette salle, mais n'y arrive pas. Elle le fait alors de manière plus douce et facile, par l'intermédiaire de tous ces inconnus.
Cette introduction, très réussie, permet une chose importante. Elle nous fait entrer dans une histoire qui s'annonce tragique. Par le propos évoqué, mais aussi par ses protagonistes. Les scènes entre Attal et Gainsbourg fonctionnent très bien, où chacun se connaît par cœur (tant à la vie qu'à l'écran) et injecte sa dose de réalisme pour rendre leur scène éprouvante et limpide. Dommage que le film ne les réunit que trop peu, en se concentrant majoritairement sur l'Inde, le lieu où Catherine a pris la fuite pour des raisons inconnues.
Nous assistons à un récit très « documentarisé », notamment au centre de récit, qui apporte son lot de lenteurs et de scènes répétitives. Alors que la narration posait la base d'un drame à mystères (qu'a t-il fait pour qu'elle parte ? Que lui est-elle arrivée ?), on s'aperçoit que la première moitié des réponses arrive trop vite, et que la seconde ne nous passionne guère, de sorte que l'attente d'un quelconque relief narratif se fait attendre sans qu'il n'arrive jamais.
Le réalisateur aurait peut-être du plus insister sur la vision sociologique et européanocentrée du personnage de Joseph, ne croyant pas à ce qu'il voit lié à sa différence culturelle. Mais qu'est ce que la foi et que doit-on considérer comme admis, réel ? Son épouse a plusieurs qualités mais n'arrive pas à les exploiter comme il faudrait, rendant l'ensemble inégal. Reste ce voyage mystique en terre inconnue, où les personnages n'en sortiront pas indemnes.