Covid fever

Et si ça ne s'arrêtait pas ? 2024, Los Angeles entre dans sa 213ème semaine de confinement face à l'épidémie de Covid qui a upgradé jusqu'au niveau 23 pour désormais attaquer le cerveau des humains de manière foudroyante. Pendant que les contaminés disparaissent par dizaines dans des camps de quarantaine mis en place par un gouvernement U.S. dépassé, les rares immunisés à la maladie peuvent encore circuler dans la ville désertée et sont identifiés grâce à un bracelet jaune, des précieux sésames qui s'arrachent évidemment au marché noir. Au milieu de ce chaos, un livreur va prendre tous les risques pour sauver sa petite amie...

Pas la peine de tergiverser sur l'opportunisme ou non d'un tel projet, "Songbird" est un film si insignifiant qu'il n'en vaut de toute façon pas la peine. Tout ce que le producteur Michael Bay et le réalisateur Adam Mason ont en effet pu tirer de la situation la plus extraordinaire qu'ait connue l'humanité depuis des années se résume à un long-métrage post-apocalyptique creux et terriblement vain.
Bien entendu, la présentation de ce futur pessimiste très proche du nôtre réussit à jouer sur nos appréhensions les plus paranoïaques dans ses premiers instants, quelques détails plutôt bien pensés sur un mode de vie bouleversé par la maladie sur le long-terme font notamment leur petit effet. Mais "Songbird" passe tellement de temps à vouloir présenter et accentuer le pire de ce qu'une société submergée par le virus pourrait devenir qu'il en oublie de construire à peu près tout le reste, sans compter qu'à part l'isolement, les ramifications proposées ne débouchent que sur des standards poussiéreux (des variantes de collaboration/résistance caricaturales en gros).
Dessinés en trois-quatre coups de pinceaux faute de développements conséquents, le nombre trop important de personnages ne peut aboutir que sur une galerie de stéréotypes uniquement définis par leur fonction et la manière par laquelle ils vont se relier entre eux pour servir une intrigue désespérément plate (obtenir un ticket d'or pour fuir) et ponctuée de deus ex machina si grossiers que personne ne semble avoir pris le temps de cacher leur caractère aberrant. Pire, malgré ses enjeux terriblement simplistes, "Songbird" donnera toujours l'impression de ne pas savoir comment passer à la vitesse supérieure, comme si l'ensemble était définitivement condamné à faire du sur-place dans sa trop grande toile d'araignée de points de vue. Et même lorsque les choses bougeront un peu plus dans la dernière partie, "Songbird" se contentera du strict minimum aussi bien en termes d'action que de discours niaiseux délivrés (même séparé, le meilleur de l'humanité trouve toujours le moyen de s'unir dans l'adversité... mouais).
Bref, s'il existe bel et bien la possibilité de réaliser un très grand film sur l'événement exceptionnel qu'a représenté cette pandémie mondiale, ce n'est sûrement pas cet inutile "Songbird" qui a su saisir cette chance...