Pour fuir un méchant trauma, Marquis a coupé les ponts avec son passé. Devenu un père de famille heureux et un avocat intraitable, il est soudainement obligé de renouer avec ses souvenirs d'enfance lorsqu'il apprend la mort de son père. Accompagné de sa femme et ses enfants, Marquis décide d'aller lui rendre un dernier hommage en voyageant dans un petit avion jusqu'à un coin reculé des Appalaches. Superbe idée ! Une tempête fait crasher l'appareil en pleine forêt, à des kilomètres de la civilisation... Enfin, pas totalement, car Marquis se réveille, seul, en captivité chez un couple de personnes âgées aux intentions troubles...
On ne peut pas dire que "Spell" soit dénué d'un contexte inintéressant ou de belles idées. À défaut d'être exploitée avec la plus grande finesse, il y a une ironie plutôt bien pensée à voir ce héros se retrouver pris au piège de racines d'un passé bien pire que celui qu'il voulait éluder à tout prix et certains rebondissements font vraiment leur petit effet tout au long du film, surtout lorsque "Spell" donne tout son sens à son titre sur le terrain de l'irrationnel.
Mais ces jolis efforts se retrouvent noyés dans un déroulement de survival écrit en pilote automatique (les dialogues, les situations... il y a même l'arrêt inévitable dans la station-service louche avant le début des hostilités). Dans un schéma connu, "Spell" accumule beaucoup trop de péripéties fatiguées, voire incohérentes (la batterie de téléphone à 1% qui dure une éternité a dû être boostée par un sort), et, peut-être pire, a du mal à rester crédible en permanence sur le danger absolu que doit représenter son face-à-face (Marquis a juste de vrais boulevards pour s'échapper plusieurs fois notamment).
Reste que "Spell" a ses bons moments et bénéficie de la présence inquiétante d'une Loretta Devine en grande forme (elle survole le reste du casting faiblard) pour rendre sa découverte pas si inintéressante mais c'est à peu près tout.