Un grand pouvoir implique un truc mais je ne me souviens plus quoi

Cela fait plusieurs années que je me suis détourné des long-métrages Spider-Man. Depuis le dernier opus de Sam Raimi, pour être précis. J’ai essayé de regarder le premier volet de la nouvelle version de Sony Pictures (studio dont j’apprécie globalement peu la production), mais je me suis arrêté là et n’ai pas non plus testé la version Marvel Studios. Spider-Man reste un personnage auquel j'accroche peu, ce qui ne vaut pas forcément pour les autres araignées ; j’ai notamment suivi avec intérêt les aventures de Spider-Gwen par Jason Latour, et encore plus celles de Spider-Woman par Dennis Hopeless.


Reste que ce nouveau long-métrage m’a interpelé car il s’agissait d’un film d’animation – sans pour autant être un produit dérivé Lego – avec une direction artistique atypique, et les bandes annonces me donnaient envie. Même si je leur reprocherai d’en dire beaucoup trop (un problème récurrent) et que les dernières en date montrent déjà les problèmes de cette production.


Into the Spider-Verse propose une approche inattendue pour un long-métrage cinéma, que nous pourrions pensé destiné à un plus large public que le comics ou une série d’animation. En effet, l’histoire se focalise sur Miles Morales, le second Spider-Man de l’univers Ultimate (désormais intégré à la continuité principale de Marvel Comics), et évoque les dimensions parallèles et avec elles les différentes versions du personnage. Le héros n’est donc pas Peter Parker, ce que dévoilaient déjà les bandes annonces.


Si le film ne devait avoir qu’un seul point fort, ce serait son aspect visuel. Non seulement l’animation permet tout en matière de mouvements et de prises de vue, mais le studio a opté pour un rendu inspiré des comics, ce qui autorise à faire apparaitre des phylactères et des didascalies, ou à multiplier les petites trouvailles amusantes. Chacune des différentes versions du personnage vient d’un monde disposant lui-aussi de son propre univers visuel, et si celui « manga » de Peni Parker fera saigner des yeux n’importe quel amateur d’animation japonaise un tant soit peu exigeant, ceux de Spider Noir ou Spider Gwen sont vraiment agréables à l’œil.


Into the Spider-Verse est donc un film très soigné, et dont les bonnes idées de mise-en-scène ne se limitent pas à émuler différents styles graphiques. Le personnage de Prowler incarne à lui-seul ces qualités, avec son thème musical omniprésent qu’il semble émettre de lui-même comme s’il faisait partie de ses pouvoirs. Cela reste difficile à décrire mais l’impact de chacune de ses apparitions s’en trouve décuplé.


Ceci étant dit, j’ai mentionné que chaque araignée possède son propre style graphique, et il convient de mentionner le premier sujet qui pourra fâcher le spectateur : c’est totalement post-moderne. Au point d’avoir demandé à Nicolas Cage de doubler un des protagonistes, d’avoir des couvertures de comics apparaissant à l’écran avec les véritables noms des auteurs (j’ai déjà mentionné Jason Latour), et évidemment, il y a Peter Porker. Et pourquoi pas, mais cela finit par devenir un peu indigeste, d’autant plus que cet aspect est mélangé avec une autre particularité du long-métrage : son autodérision de tous les instants. Pour vous donner un exemple concret, dès qu’une scène pourrait virer au drame, au lieu de la laisser partir dans cette direction, les auteurs se sentent obligés de sortir une vanne et de casser l’ambiance qu’ils avaient réussi à insuffler jusque-là. Systématiquement.


Alors oui, cela fonctionne souvent. A ce titre, la dernière chanson du générique de fin et la scène post-générique sont des modèles du genre. Mais il y a aussi des moments franchement lourds, où le film va simplement un peu trop loin.


Toujours parmi les reproches, plus j’y repense, plus je vois d’incohérences ou de facilités scénaristiques tellement grosses que les auteurs n’essayent même pas de les justifier. J’adore Gwen, mais pas mal d’aspects du scénario la concernant ont été glissés aux forceps.


En tant que pur divertissement, Into the Spider-Verse remplit parfaitement son office. Il s’agit d’un film bien rythmé, sans temps mort, avec ce qu’il faut d’action et une direction artistique aux petits oignons. Et puis c’est drôle, il faut bien avouer ce qui est. Même le générique de fin est drôle. Mais il traine tout-de-même avec lui son lot de fausses notes, dont beaucoup auraient pu être évitées.

Ninesisters
7

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le 7 déc. 2018

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Ninesisters

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