Dans cet ensemble hétéroclite de super-héros composant le cinéma mondial, on peut dire que Spider-Man possède une place à part, bien à lui. Beaucoup trop vu et adapté depuis plus de 20 ans, l’araignée en costume traverse les époques, les genres et les supports, sortant même de son carcan cinématographique pour inonder tous les marchés du divertissement. Aujourd’hui, le héro revient dans son habit le plus fidèle et le plus beau, réservant une belle part du gâteau à son matériau d’origine, afin de nous offrir un petit quelque chose de rare, en ces temps de surabondance : de l’authenticité, et de la véritable originalité.


Peter Parker, vous connaissez ? Ce type-là, qui tisse ses toiles à travers les immenses avenues de Brooklyn, bordées de gratte-ciels tous plus vertigineux les uns que les autres. Ça y est, vous vous en souvenez ? Eh bien oubliez-le. Ou plutôt… mettez-le dans un coin de votre tête, ça pourrait vous servir. Ah, et souvenez-vous aussi de la fameuse trilogie de Sam Raimi, souvent décriée, jamais égalée, car l’œuvre d’aujourd’hui s’en inspire pas mal. Pour l’heure, on parle de Miles Morales, jeune new-yorkais latinos, en pleine crise existentielle, coincé entre ses études, un père un peu sévère, et son oncle Aaron, qui l’aide à trouver des spots franchement cool pour taguer un mur en toute impunité. En bref, une vie ni trop banale, ni trop anormale. Et puis vient l’araignée.


La suite, vous auriez pu la connaitre, elle aurait pu être la même que par le passé : hop, la morsure et hop le grand pouvoir et les grandes responsabilités en solo, à travers une ville grouillant de monstres infâmes. Seulement cette fois, dites adieux à la solitude, et bonjour au joyeux bordel dimensionnel !


Je n’en dirais pas plus afin de ne rien divulguer par mégarde. Le film choisi toutefois de tracer sa propre route, faisant fi des contraintes passées et des règles à respecter. Tout change, et se renouvelle ! Ne pas vouloir faire mieux ne veut pas dire ne pas vouloir faire différent, et pour le coup, Spider-Man : New Generation se pose en maitre du genre. Modifiant drastiquement ce que le quidam amateur de cinéma pensait savoir de l’homme-araignée, le film s’amuse à tisser sa toile dans toutes les directions, créant un gigantesque univers reposant en quasi-totalité sur les comics parus ces cinquante dernières années. Plus innovant et clair que ne l’aurait été une armée de films à gros budget, le petit dernier de chez Sony Pictures Animation se permet des dingueries narratrices bienvenues, sans trop de complications. Prenant le spectateur par la main lorsque cela est nécessaire pour mieux le pousser à se débrouiller par la suite, le film ose beaucoup, et bouscule aussi bien dans le fond que sur la forme.


Dinguerie visuelle complètement barge, animée de manière aussi folle qu’improbable par de véritables génies de l’illustration, ce film est une anomalie, un bug dans la matrice. Dans un monde aussi formaté par les écrans et le quadrillage des genres bien définis, voir cette débauche d’originalités graphiques a quelque chose de rassurant. Le réalisateur, Peter Ramsey est surtout connu pour avoir réalisé les Cinq Légendes, autre très bien film d’animation., mais aux antipodes visuels de ce dont on parle maintenant : je n’insisterais jamais assez sur la puissance et la claque monumentale que cette œuvre est capable de nous imposer à chaque instant. Utilisant son propre style pour en broder mille autres autours, le film se permet des libertés grisantes, révolutionnant la maitrise de l’animation 3D pour donner l’illusion de lire un comic. Fourmillant de détails à chaque plan, distordant la caméra à chaque angle, offrant de la nouveauté à chaque seconde qui passe, l’œuvre nous plonge dans un univers où tout est permis, et pas que dans son histoire.


Du reste, il me faut saluer le travail de Daniel Pemberton, un nom qui revient pas mal ces derniers temps. Compositeurs de Bandes Originales d’excellentes factures, ce n’est pas aujourd’hui qu’il déroge à la règle. Très variée et en parfaite adéquation avec le film, ce dernier nous régale non seulement par les yeux, mais également pas mal par les oreilles.


Malheureusement, puisque tout n’est pas rose, il me faut aussi mentionner un doublage français pas franchement concluant, assez inégale par instants. Certains comédiens s’en sortent mieux que d’autres, et on notera surtout la présence de star-tallent aux fraises qui parvient même à nous sortir du film par instant.


Remercions enfin Phil Lord, Chris Miller et Alex Hirsch (oui oui, le papa de Gravity Falls) pour cette histoire dépoussiérant le mythe de Spider-Man au lance-flamme, ainsi que feu les géniaux Steve Ditko et Stan Lee, pères fondateurs de ce héros tant adoré, tant acclamé, et tant adapté… Mais ne soyons pas trop dure, car sans cette myriade d’adaptations de plus ou moins bonnes factures, le cinéma n’aurait peut-être jamais accouché de cet enfant prodige, véritable maitre de l’animation actuelle.

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le 20 déc. 2018

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Sherns Valade

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