Alors qu'on a eu l'occasion de le revoir récemment, et en mauvaise posture, dans "Avengers : Infinity War", voila que l'homme-araignée revient déjà sur grand écran, mais cette fois-ci, au sein d'un film d'animation issu du label "Sony Pictures Animation", studio auquel on doit notamment la trilogie "Hôtel Transylvania". La bonne idée de ce nouveau projet est que, plutôt que d'opter pour un énième reboot (Spider-Man étant assurément le super-héros ayant connu le plus de versions cinématographiques en à peine 15 ans), ses créateurs ont opté pour le "Spider-Verse", autrement dit plusieurs univers alternatifs dans lesquels on trouve différentes versions de Peter Parker/Spider-Man.
Dès lors, traité sous la forme d'un dessin animé, cette idée donne lieu à une multitude de trouvailles visuelles et narratives toutes plus folles les unes que les autres.
Sur le plan narratif, bien qu'a priori complexe en raison de ses univers parallèles, le film parvient à trouver le ton juste en racontant une histoire classique mais équilibré dans laquelle nous suivons l'odyssée de Miles Morales, un adolescent afro-américain de Brooklyn qui, à l'instar de Peter Parker, va se faire mordre accidentellement par une araignée génétiquement modifié. Suite à cet incident et aux conséquences que ce dernier exerce physiquement sur sa personne (l'arrivée de super-pouvoirs et de super-vilains bien décidé à lui mener la vie dure), Miles va se retrouver projeter au sein du fameux "Spider-Verse", dans lequel il va découvrir toutes les multiples versions de Spider-Man (que l'on taira ici sous peine de Spoiler).
Regorgeant d'une multitude de personnages pour la plupart plutôt bien troussé, se permettant même des clins d'oeil gentillets aux versions précédentes (en particulier à la trilogie de Sam Raimi), le scénario séduit de par son équilibre, sa fluidité et surtout sa maturité. En effet, bien qu'il s'adresse à toutes les tranches d'âge, ce nouveau film Spider-Man traite de sujets assez sérieux (la mort, la dépression, les conflits parents-adolescents, la puberté) en évitant cependant d'être trop sombre ou pessimiste de manière à pouvoir bien faire passer son beau message : "tout le monde peut, s'il choisit de faire le bien autour de lui, devenir un super-héros." Ainsi, le personnage de Miles Morales lui-même, traité sous la forme d'un ado lambda, peut se voir comme la personnification de ce message.
Visuellement parlant, le film est très inventif. Avec sa texture plastique, ses cases et bulles qui apparaissent à l'écran pour retransmettre à la fois les émotions des personnages et les lieux de l'ac tion, on se croirait presque dans une véritable B.D, dans laquelle on suivrait les différents temps forts en même temps que les personnages eux-même. On pourra toutefois reprocher, à certains endroits, une accumulation d'images un peu trop lumineuses très peu recommandés pour les personnes épileptiques.
Inventif et maîtrisé, généreux en terme d'action, ambitieux sans être trop complexe, cette nouvelle relecture de Spidey sous forme de film d'animation constitue donc une très belle surprise, partagé entre respect du passé (les premiers comics et séries animés des années 60, la première version cinématographique) et nouvel élan.