Après que les pontes de Marvel Studios aient réussis à négocier un contrat pour l’intégration de l’Araignée dans son Marvel Cinematic Universe, Sony tente de continuer d’exploiter la marque Spider-Man en mettant en scène différents personnages secondaires issus des comics créés par Stan Lee et Steve Ditko. Pleins de projets sont annoncés et une première tentative a déjà trouvé le chemin de nos écrans : l’ignoble Venom, échec cinématographique à tous les niveaux. C’est alors au tour de ce Spider-Man : Into the Spider-Verse (New Generations en France), de se lancer. Proposition atypique sur le papier, le film d’animation éblouit déjà au travers des diverses bande-annonce présentées et promet de faire souffler un vent nouveau sur les adaptations de l’Araignée au cinéma.



Soievoureux.



Adolescent vivant à Brooklyn, Miles Morales se retrouve accidentellement doté de pouvoirs surnaturels similaires à ceux de son idole : Spider-Man. A la suite d’un événement tragique orchestré par le Caïd, les dimensions se mélangent et propulsent un Peter Parker vieillissant et désabusé dans le New York de Miles ; Parker va devoir former le jeune homme s’il veut retrouver son monde d’origine. S’ajouteront à cette équipe d’autres héros tisseurs de toile, comme Spider-Woman ou encore Spider-Man Noir, version sombre du Tisseur original.


Les producteurs Christopher Miller et Phil Lord (qui signe le scénario) appliquent la même recette qui leur a valu la reconnaissance du milieu après le succès inattendu de La Grande Aventure Lego : s’amuser avec ce que propose le matériau de base, tout en démontrant d’un énorme respect pour celui-ci. Comme pour Lego, la direction artistique est centrée sur l’œuvre originale, si bien que c’est un vrai comic book qui s’anime sous nos yeux. Le film utilise tous les codes du format papier, comme les points d’impression, les séparations de couleur, l’aberration chromatique ou encore les bulles et autres onomatopées marquées qui apparaissent à l’écran. C’est un véritable bijou visuel, qui bouscule les habitudes du spectateur tant la proposition graphique est inédite. Le travail sur la direction artistique ne s’est pas arrêtée aux graphismes, le design sonore étant lui aussi très recherché. C’est un festival son et lumière constant, jusqu’à l’impressionnante bataille finale, certainement imaginée un soir en pleine descente de LSD.


Choisir l’angle du multivers pour cette énième adaptation de l’homme-araignée paraissait bien casse-gueule sur le papier. Force est de constater que le long métrage s’en sort admirablement bien, tant les événements s’imbriquent entre eux de manière logique et sans jamais remettre en question la cohérence de l’univers diégétique. Cela permet même d’inclure un discours meta au sein de l’intrigue, bien que les clins d’œil appuyés semblent un peu trop omniprésents. Quoi qu’il en soit, le film ne nous laisse pas le temps de s’attarder sur ces menus défauts, car tel Spider-Man virevoltant entre les buildings, il déroule son scénario avec un rythme ahurissant. Aucun temps mort, les scènes d’actions et autres rebondissements s’enchaînent à une vitesse folle et la fin du métrage arrive sans que l’on ne détourne les yeux de l’écran une seule fois.


Les personnages ne sont pas en reste. Si l’histoire de Miles Morales nous a déjà été racontée des dizaines de fois, tant elle diffère peu de son homologue arachnéen, le développement de sa personnalité se construira au fil des relations qu’il entretiendra avec Peter Parker et consorts. Et c’est là que le film brille : utiliser le multivers pour s’amuser des codes répétés jusqu’à l’écœurement des films de super-héros (destin tragique d’un proche, origin strories vues et revues, etc…). Attention, le film se permet de vanner à ce sujet, mais se conforte un peu trop dans l’humour auto référencé, en allant jusqu’à introduire des personnages blagues à son intrigue principale. Ainsi, si Miles Morales, Peter Parker et Gwen Stacy font l’objet d’un soin particulier pour le développement de ses personnages, le reste du casting de Tisseurs n’est là que pour servir de prétexte comique et ne sera jamais sujet à une once de développement. Dommage, car même le Caïd est doté de motivations propres.


Spider-Man : Into the Spider-Verse réussi donc là où Venom s’est lamentablement planté : proposer une vision différente de l’adaptation de comics, tout en développant son propre univers. La claque visuelle espérée est bien présente et dépoussière le genre du long métrage d’animation. Servi par un rythme excellent, une intrigue d’une fluidité rare et sa galerie de personnages hauts en couleurs, Spider-Man : Into the Spider-Verse montre que malgré près de 20 ans d’adaptations de l’homme-araignée au cinéma, il a encore de beaux jours devant lui.

Exosfear
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le 10 mars 2019

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