Harmony Korine, Harmony Korine, Harmony Korine, trois fois ce trublion déjanté et comparse de Larry Clark mérite citation tant il prend malin plaisir à nous dérouter avec Spring breakers. Même s’il est facile de se laisser avertir et rebuter par l’aspect lourd, cliché, criard et vulgaire que seul un film traitant d’une des plus grandes bacchanales connues des teenagers américain peut véhiculer, c’est à travers une seconde lecture qu’il faut s’enfoncer dans l’univers de Spring breakers.
Car même si on attend à être surpris et manipulé par un cinéaste adepte des « portraits painting » malsains et flamboyants, il n’est franchement pas facile de ne pas se laisser convaincre par le bad tip illuminé et musical qu’il impose à la fiction de ses acteurs. Progression qui loin de faire l’apogée d’une génération au sombre destin, en fait une critique aussi virulente qu’elle se passe d’une morale chiante à souhait et déplacée. Spring breakers a même la politesse de rester amoral jusqu’au bout. Que dire du casting qui n’est rien moins qu’une boucherie de déconstruction d’images, aussi évidente que ces quatre paires de bonnets (B ou C ?) tenant des guns surclichés avec des attitudes provocatrices qui feraient tomber grand-mère en syncope. Les héroïnes Disney chanel Selena Gomez et Vanessa Hugens assument sans problème ce baptême du feu. Pour notre plus grand plaisir. Je vous épargne James Franco en Gansta withe-trash, sensible et édenté.
Visuellement la construction sur vitaminée, agressive, kitchissime et parfois pornographique du film annonce sa couleur dès les premières images en imposant deux attitudes peu contrastées, on plonge ou on s’enmerde royalement tout le film. ‘Faut faire son choix. La réalisation fait preuve dans certains passages d’une virtuosité incontestable. C’est bien filmé, la caméra trouve toujours sa juste place, la photographie est fantastique et la mise en scène relève de temps à autre de la véritable leçon de cinéma. L’habillage sonore carrément savoureux s’entrelace dans le rythme d’un montage impatient avec brio. Gregg Araki en son temps avait déjà définit son style d’approche d’une « Doom Generation » à travers un style et une esthétique de langage particulier, résolument novateur. Il se voit dans Spring breakers enrichit des délires personnels de Korine.
Le scénario basique et relativement efficace se révèle sans surprise et horriblement prévisible en soi, mais au vu de l’ensemble des qualités du film, il est juste là pour poser une structure sur une expérience visuelle tout à fait narrative et qui se justifie d’elle-même sans avoir besoin de développer une histoire saisissante.
Vous l’avez compris et je ne le dis plus, si toi, cinéphile au sens critique acerbe et au sens du second degré certain est sensible à ce genre d’expressions cinématographiques, pose ta tartine et va voir Spring breakers. Avec les enfants. Ou pas.
Ben_Ardent
8
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le 28 mars 2013

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Ben_Ardent

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