Après cette chiante parenthèse qu'était le confinement, voici le déconfinement en mai. Enfin, c'est pareil qu'avant, mais maintenant tout le monde peut aller au travail et acheter des fringues, mais cela reste bien de la merde. Tu vois tes potes une ou deux fois par semaine parce que eux aussi ont pas trop envie de sortir, tu ne peux ni aller te promener dans des parcs, ni vraiment aller dans des lacs ou en rando, ni aller dans des bars, restaurants, salles de concerts, etc. Donc, en fait, c'est plutôt la merde ce déconfinement, c'est presque du confinement partiel.


Après des films plutôt bons, nous allons passer au tour du fameux Spring Breakers de Harmony Korine. Plus bobo- hipster, auteur, et expérimental, tu ne peux pas. Korine, un type que j'aime bien. Déjà il a bossé sur Kids mais aussi sur plein d'autres projets aussi bizarres que grandioses, notamment Gummo. Son truc, c'est les trucs bizarres. Les univers colorés, remplis de personnes repoussantes, que tu ne verrais pas dans des clips de rap.
Et à l'époque, j'étais allé le voir, et j'avais rien compris, avec quelques potes, qui eux- aussi n'avaient pas compris le délire. Avec un second visionnage, ce Spring Breakers reste quand même une bonne déception.


En 2013, tout était marketé sur le fait que ça allait être un film de jeunes pour des jeunes, fun, décomplexé, décoloré, à la manière d'un certain Projet X, film culte de mon adolescence, lui- aussi très mauvais. Mais en fait, Spring Breakers c'est tout autre chose. C'est l'anti- Projet X.
Comme tout bon Korine, c'est une expérience avant tout sensorielle, visuelle et sonore. Une symphonie technique : c'est vrai que Korine manie une caméra comme un génie, et réussit de très belles scènes, sa mise en scène est vraiment dantesque (on se souvient des scènes finales comme celle du braquage ou de la première). La photographie est fabuleuse, et le mélange des couleurs marche foutrement bien, on a presque l'impression d'être transporté dans un autre univers. Bref, c'est hypnotique, et c'est une claque visuelle. Au niveau sonore, le montage est très bon, et le rendu final du son participe grandement à l'immersion de ce film aussi étrange que magnifique.


Là où, comme dans de nombreux films de son espèce, le scénario tient sur un petit papier, Spring Breakers est un film sur le Spring Break, sur l'aventure de 4 jeunes filles en recherche de sensations fortes dans une société trop étriquée pour elles. Un constat social bien rendue, où la jeunesse cherche à tout prix le sentiment de s'évader, avec notamment le Spring Break, mais aussi la drogue, la luxure, le fric facile, les flingues, l'alcool ou l'amour à 100%.
Donc Spring Breakers est finalement pas si mal que cela, enfin, laissez- moi terminer. Film sympathique, foutraque, avec de bonnes idées, oui. Grand film, vraiment pas.


Déjà le casting est plutôt bancal, et les acteurs surjouent à mort : on a du mal à s'attacher en fait à ses demoiselles, tantôt en détresse, tantôt badass. James Franco, bien que je l'adore, cabotine de fou, mais cela fonctionne et cet espèce de rappeur flamboyant, gentil, bizarre, et dépressif est très cool à voir, mais les autres, mis à part Selena Gomez qui essaye un temps, sont un peu à côté de la plaque. De même que le montage est lent, et certaines scènes sont carrément là pour remplir, et cela donne une impression vide après une bonne heure de film. De même qu'il y a de sacrés incohérences dans le film, et bref, je me suis franchement ennuyé.


Donc Spring Breakers est un beau petit songe de printemps, parfaitement critique des années 2010, qui nous ont amené la culture des énormes spring breaks étudiants, l'EDM et le binge- drinking, reflet d'une société américaine schizo qui ne tourne pas forcément rond. Cependant, malgré de très grands moments (évidemment, la scène de musique de Britney Spears), le film est assez inégal et cette petite merveille fait bien pchitt !


Bien essayé Korine, mais malgré de belles couleurs et une réalisation aux petits oignons, Spring Breakers est un film moyen, malgré une belle tentative pour décrire les dérives d'un système à bout de souffle.

Mathieu_Renard
5
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le 28 mai 2020

Critique lue 105 fois

Matt  Fox

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