Tarko, Tarko, Tarko...
Après avoir découvert son bon Solaris et être resté sans voix et sans avis devant Andreï Roublev et Le Miroir, voilà que je m'attaque, à tâtons, à son Stalker. Dès le début, je prie pour qu'il y ait un ligne narrative claire, un scénario un peu distinct. Le film prend son temps, mais finalement mon vœu est exaucé. Nous allons donc suivre 3 personnes. Le Stalker, L'Ecrivain et Le Physicien, le premier devant mener les deux autres dans une zone interdite, La Zone, afin qu'ils pénètrent dans La Chambre, censée accomplir le souhait le plus profond de celui qui y entre.
Ou peut-être que ce n'est pas si simple ? Peut-être qu'ils ne sont pas 3. Peut-être qu'ils ne sont pas dans La Zone. Peut-être qu'il n'y a pas de Chambre. Peut-être que tout cela est métaphorique ?
Bien entendu que tout est métaphorique, on est chez Tarkovski voyons ! Et tout analyser serait passionnant ! Ce débat entre la Science et l'Art au sujet d'une Puissance Supérieure, le pourquoi des pièges, le zone est elle habitée ? Par qui, par quoi ? Que représente le chien ? Que représente la première maison ? Qui à empêché L'Ecrivain d'y accéder ? Est-ce que cet Ecrivain, cet artiste, c'est Andreï Tarkovski lui-même, s'adressant à nous lors de ce regard caméra ? Cet univers aurait pu être très riche et intéressant, et j'ai l'impression que Tarkovski se contente d'en effleurer la surface, de peur de perdre son impact psychologique en en montrant trop.
La photographie est bien entendu magnifique, certains travellings sont mémorables et l'utilisation de la couleur pour les scènes dans La Zone est aussi évocateur qu'intelligent. L'ambiance est vraiment prenante, c'est la première fois que je me sens tant immergé dans un monde Tarkovskien, et c'est aussi grâce aux décors monumentaux.
Jusque ici presque que du positif me direz-vous ? Et bien oui, j'ai aimé. J'aurai pu adorer, voir aduler, si le tout n'était pas si lent ! Dès la première scène ça m'a agacé. Je ne suis pas contre la contemplation, loin de là, mais pour moi, on doit contempler quelque chose de beau ! Quand il nous offre un travelling juste au dessus de l'eau en sépia, ou lorsqu'ils entrent dans la zone, oui, ça passe, même si c'est long, mais cette première scène ? Non je n'en vois pas l'utilité. Même la scène du tunnel en fait trop, alors qu'elle aurait pu être hyper tendue. Au finale, elle est juste lassante.
Mais ce qui m'a définitivement achevé dans ma frustration, c'est la scène finale. C'est à ce moment là qu'on aimerait que le film démarre, là on pique ma curiosité, là ça peut basculer dans le chef d'oeuvre ! Mais non, les deux mots russes signifiant Fin apparaissent sur l'écran. Bizarre de se dire que le film s'arrête au seul moment où je n'en avait pas envie.
Enfoiré de Tarko.