Ce film de 1986 au demeurant modeste dans la forme est un petit bijou d'émotions tant il parle à tous. Nous qui sommes tous passés de l'enfance à l'adolescence pouvons nous identifier (en tout cas les garçons) aux quatre pré-ados de cette histoire à la métaphore évidente: plus les héros s'éloignent de leur petite ville - symbole du passé, de la souffrance, du rejet, du lien familial - plus ils deviennent conscients du changement qui s'opère en eux. Au bout de la voie ferrée: la mort - le corps sans vie d'un garçon de leur âge fauché à 12 ans par un train. Cette voie, est la ligne de la vie et le "corps" caché dans les buissons, l'inéluctabilité de notre propre fin.
Adapté d'une nouvelle de Stephen King, le métrage baigne dans une nostalgie poignante, Rob Reiner dirige de main de maître les très jeunes acteurs qui ont sur le tournage entre 11 et 14 ans. Bien sûr on pourra lui reprocher le caractère trop défini (le sensible, le petit gros, le dur à cuire, le psychotique) de chacun d'eux, mais au vu de la performance on passe outre. Ils crèvent l'écran, les dialogues assez osés sont peut-être même un peu trop adultes - les grossièretés fusent. La musique dont la chanson de Ben E. King enfonce encore le clou côté émotion. River Phoenix est admirable, une future star qui se brûlera les ailes au contact du monde fric et toc de Hollywood, il mourra 7 ans après la sortie de ce "Stand by me" où tout son potentiel dramatique explose ce sera aussi le cas dans "My Own Private Idaho". Lorsque à la fin du film il se sépare puis s'éloigne et disparaît tel un fantôme devant son ami Gordie, on a le coeur qui se serre et on voit là comme un terrible présage. On apprend dès le début de l'histoire le destin tragique de Chris Chambers.
Mélange subtil d'humour, de violence latente extérieure et intérieure et d'émotion, le film continue à provoquer en nous un indicible élan d'amour, il parle de choses essentielles et le fait bien.