Star Wars n'a jamais été connu pour la subtilité de son histoire, et a toujours su compenser par une foi sans faille envers ses personnages et une dramaturgie poussée jusqu'au bout, quitte à risquer l'overdose. Pour autant, j'espérais que ce dernier opus aille plus loin que le scénario que je m'étais vaguement écrit dans le tram en venant. Mais JJ Abrams a joué la sécurité (comme ces équipes de foot qui ne jouent pour ne pas perdre), refusant toute décision à contre courant, tout envol pouvant risquer de diviser les fans. Il s'est contenté de cocher toutes les cases du blockbuster tiède, enchaînant les séquences à un rythme effréné pour qu'on ne se pose pas la question de leur cohérence. Le film n'en est pas désagréable à regarder, loin de là, il fait offre justement tout pour ne pas être désagréable : de l'action, de l'amour, de l'humour, de l'amitié, comme un buffet à volonté qui remplit le bide sans qu'on regarde vraiment ce qu'on mange. Mais les batailles semblent vues et revues, les héros passent leur temps à refuser de se toucher ou de se parler comme des ados timides, et on espère désespérément le moment où l'affection qu'on a pour tout ce petit monde se transforme en autre chose, de la peur, une réelle empathie, un lien qui résistera au delà du film.
Car c'est bien plus de la frustration que de la déception qui reste : pourquoi avoir avoir écrit autant de personnages pour finalement les abandonner sans développement, pourquoi a-t-on la sale impression qu'ils sont réduits à des égéries pour vanter l'ouverture d'esprit de Disney ? Aucun personnage n'évolue vraiment en trois films, et Rey, qui avait le potentiel pour devenir l'héroïne la plus cool de la saga, n'arrive jamais à savoir ce qu'elle vient encore faire là tant on a l'impression qu'elle aurait pu tout boucler dans le premier opus.


Star Wars avait besoin d'être bouleversé, de tourner le dos à la légende, mais cela aurait demandé du courage et une vision d'ensemble qui n'a jamais pu être mise en place. On se retrouve donc avec oeuvre générique, qui ne vexera personne mais ne satisfera pas grand monde (à part les producteurs), apte à drainer tous les publics pour casser les scores à Noël.


(et j'attendrai un fan-film pour voir Rey se servir du double sabre qu'on nous avait teasé avec son double bâton dans le Réveil de la force...)

Asoliloque
5
Écrit par

Créée

le 18 déc. 2019

Critique lue 183 fois

Asoliloque

Écrit par

Critique lue 183 fois

D'autres avis sur Star Wars - L'Ascension de Skywalker

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Sergent_Pepper
4

Back to their culture

Toute saga a une fin : arrivés à un certain point d’essorage, les studios et leurs team de scénaristes ont trouvé la parade ultime pour provoquer un sursaut d’intérêt : venez quand même, c’est le...

le 21 déc. 2019

215 j'aime

15

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Larrire_Cuisine
6

[Ciné Club Sandwich] Marche arrière à 12 parsecs sur l’autoroute spaciale de l’incohérence

DISCLAIMER : La note est une note par défaut, une note "neutre" qui correspond à la moyenne (arrondie) de l’oeuvre au moment où on publie la critique. Avant, on mettait 5 à tous les films mais il...

le 19 déc. 2019

171 j'aime

18

Du même critique

Resident Evil: Village
Asoliloque
5

Critique de Resident Evil: Village par Asoliloque

A l'instar de Resident Evil 7, Village fait parfaitement illusion dans sa première partie, proposant une chouette ambiance gothique et horrifique, laissant croire à des environnement semi-ouverts par...

le 10 mai 2021

9 j'aime

Unbelievable
Asoliloque
9

Critique de Unbelievable par Asoliloque

Unbelievable est une série essentielle. Déjà parce qu'elle montre comment réaliser une série sur le viol sans basculer dans le torture porn, sans déshumaniser ses victimes, sans créer de fascination...

le 13 oct. 2019

8 j'aime

Backcountry
Asoliloque
7

Critique de Backcountry par Asoliloque

L'ultra-réalisme est la principale qualité de ce survival qui assume d'être chiant pendant 3 quarts d'heure pour ensuite prendre aux tripes avec 3 fois rien. Loin d'être aussi émouvant et marquant...

le 2 mai 2015

6 j'aime