La fameuse troisième chouffe. Celle qu'on attend pas mais qui arrive, forcément, après ses deux sœurs : la première, nécessaire et délectable, déjà bien connue et appréciable quoi que répétitive. La deuxième, obligatoire et étonnante, qui anime des débats où le sens est secondaire mais où l'éloquence et la rhétorique priment, misant avant tout sur la beauté du propos. Si le discours est parfois incohérent, le goût demeure agréable et s'en suit directement la troisième commande, la plus dangereuse, celle de tous les risques.
Dès les premières gorgées, le vide se fait. Ingurgiter à jeun, le passage du côté obscur devient inévitable. On y retrouve certes ce qui fait son goût, ses codes. Mais très vite, plus rien ne fait sens et si les débats étaient sujets aux arguments novateurs et audacieux, s'en suivent des phrases sans queue ni tête, mal formulées . Le ton monte inutilement, l'alcool prend progressivement le dessus, on se met à crier pour ne rien dire et les arguments sont de plus en plus artificiels, robotiques, prêtant moins au rire. Le souvenir de la deuxième pinte est déjà loin , on en vient même à se contredire volontairement, sans raison apparente. En plus, l'addition est plus chère que lorsqu'on commandait un coca light, il y a de ça déjà quatorze ans. Tout va beaucoup plus vite, l'émotion et la ferveur ne sont plus de la partie, il paraît nécessaire de rentrer chez soi, quitte à rendre dans la rue, sur le retour, les larmes aux yeux. L'ambition était trop grande, trop fastidieuse, et le résultat illustre l'arrogance et la pédanterie du contenu, trop industriel et manipulateur.
La descente ne sera que plus douloureuse : la victoire inévitable de la troisième chouffe, impitoyable et dévastatrice ne sera pas sans conséquences. Dès le réveil, la tristesse s'immisce suivie d'un mal de crâne profond, faisant âprement regretter de s'être laissé tenter, surtout lorsqu'on découvre que certains ont réussi à en recommander sans ciller, criant au génie (!!). La douleur est grande et les dolipranes seront sans grand effet. Il faudra la prochaine fois opter pour une consommation plus mesurée, artisanale, telles que l'avaient laissé entrevoir certaines gorgées, celles du deuxième verre, dont la beauté galactique a injustement été oubliée et répudiée.Aussi, Il conviendra désormais de consommer avec davantage de modération, sans oublier les conséquences néfastes de cette expérience. Que la force reste avec vous malgré tout.

EmericL_avoane
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le 18 déc. 2019

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Emeric L'avoane

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