Introduisons un peu cette critique



Peut-on apprécier ce dernier volet de la nouvelle trilogie de la célébrissime saga de science-fiction ? Peut-on apprécier ce long métrage qui est censé être la conclusion de neuf films ? Si vous avez vu la note que j'ai décernée à cet épisode, alors vous aurez compris que je pense que "oui". Comment ? Pourquoi ? C'est à ces questions que je vais essayer de répondre dans cette critique.
Je tiens à préciser qu'il me sera impossible de juger le film indépendamment des autres volets. Star Wars IX est, pour le meilleur et pour le pire, relié à tous les autres films de la saga. Les comparaisons et les parallèles vont donc être nombreux et surtout obligatoires. Ceci étant dit...



Que nous raconte ce film ?



Le premier ordre a présent dirigé par Kylo Ren, alias Ben Solo, est en ébullition : il a reçu un mystérieux message de l'Empereur Dark Sidious en personne. Kylo Ren part donc à sa recherche puisqu'il le considère comme un obstacle à sa suprématie. Il le retrouve, on comprend alors que l'Empereur était à l'origine de la création du Premier Ordre, que Snoke était également une entité de son invention, et qu'il veut aider Ren a asseoir son autorité en lui offrant une armée. De son côté, la Résistance apprend le retour de l'Empereur grâce à un espion dissimulé à l'intérieur du Premier Ordre. Voilà, ça c'est le début du film. Je ne vais pas tout raconter, déjà c'est long, et ensuite je vais le raconter au fur et à mesure en le critiquant.



Et donc, qu'est-ce que ça donne ?



Eh bien... il faut s'accrocher. Il ne faut que très peu de temps pour comprendre que le film n'a pas que des qualités ( loin de là ! ), mais selon moi, un énorme défaut explique tous les autres : le film n'a pas le temps de raconter son histoire.
Beaucoup d'avis émergent sur le retour de Palpatine, et peu sont positifs, mais le retour de l'Empereur n'est pas une mauvaise idée. Le gros problème, c'est que son retour n'est absolument pas préparé. Tout est trop abrupt, et les premières secondes du film le montrent bien : lorsque l'iconique contextualisation en lettres jaunes sur fond étoilé de l'intrigue apparaît à l'écran, nous pouvons nous "délecter" de cette terrible première phrase : "Les morts parlent !". La suite du texte dira plus ou moins ce que dit mon petit résumé du synopsis. Et là, les sueurs froides montent. Trois secondes, et on comprend déjà que le film manque de temps.
Par la suite, l'Empereur révèle en une seule phrase à Kylo Ren que Snoke était sa création. Il faut alors que le spectateur digère que l'antagoniste des deux volets précédents, qui avait une réelle personnalité et qui est monté en puissance pendant deux films (pour finalement mourir lamentablement de manière décevante, mais quand-même) n'était rien d'autre qu'une expérience. Ouch ! Comment Snoke a-t-il était créé ? On ne sait pas, on s'en fout, le film nous met à l'arrière-plan deux Snoke en vitrine en guise d'explication, puis il avance : il n'a pas le temps.
Et comment Palpatine peut-il être encore vivant ? Parce que visiblement Kylo Ren s'en fout aussi car quand l'Empereur se content de lui dire "Mort, je l'ai été", il ne pose pas plus de questions. Heureusement que quelques plans plus tard,les membres de la Résistance ont la décence de poser la poser, cette question qui nous tiraille tous. Et là, l'un d'eux répond : "Le clonage, une science Sith occulte". Et c'est tout, la renaissance de Palpatine est actée, on passe à la suite. Oh ! Film ! Pose-toi et explique à tous ceux qui ne se sont jamais intéressé à l'univers étendu ce que c'est que cette histoire de clonage ! Car en effet, dans les divers œuvres autour des films Star Wars (jeux vidéos, livres, séries, etc), il est expliqué que les Siths ont fini par réussir à faire de parfaits clones d'une personne, et qu'à la différence des clones qu'on peut apercevoir dans la prélogie, ceux-ci gardent à la fois les souvenirs et les pouvoirs de l'être original. Bon, mon explication est succincte et simplifiée, mais même une phrase de ce genre n'est pas dans le film, une fois encore parce qu'il n'a pas le temps. Et comment un quidam de la Résistance connaît-il les sciences OCCULTES des Siths ? "Occulte" ça veut dire "caché", bon sang ! Mais passons car vous l'aurez compris, c'est parce que le film n'a pas le temps.
Le fait que le film pioche ici des éléments de l'univers étendu qui n'est plus forcément canon n'est pas un problème. C'est même une bonne idée. Ce qui ne va pas, mais alors pas du tout, c'est qu'il prend cet univers pour acquis, comme si tout le monde le maîtrisait parfaitement. Ce n'est pas le cas ! Il aurait fallu qu'il l'explique, qu'il prépare cette histoire de clonage. Et c'est la que nous disons tous en chœur que si ce n'est pas fait, c'est parce ce que le film n'a pas le temps ( c'est lourd de le répéter encore et encore, mais c'est une sensation constante dans le film ).


Autre chose également, Star Wars VIII passe une bonne partie de son intrigue à atténuer le mythe des Jedis et à nous dire que le sang n'est pas si important pour contrôler la Force. J'avais adoré ce côté du film. Le fait que Rey soit un personnage très puissant sans aucun parent affilié à la Force était quelque chose que j'avais trouvé très pertinent dans le ton du film, et ça donnait de la cohérence au discours du Luke désabusé que nous proposait ce huitième épisode. Vous voyez où je veux en venir... On apprend après quelques minutes de film que Rey est la petite-fille de Palpatine. Re-ouch ! Bon, essayons de nuancer la déception qu'apporte cette nouvelle : encore une fois, ce n'est pas forcément une mauvaise idée. Elle est simplement mal amenée et sous-exploitée. On pourrait dire se laisser aller à la critique facile : "C'est n'importe quoi, on ne connaît presque pas ses parents et d'un seul coup elle est de la famille de l'antagoniste ? Et comment quelqu'un comme l'Empereur a pu avoir un enfant ? Avec qui ? Et comme par hasard elle a vécu si longtemps sans savoir qu'elle avait un si grand pouvoir en lui". Mais j'aimerais que nous nous replacions un instant dans le contexte de sortie de Star Wars L'Empire contre-attaque, et plus particulièrement dans la scène absolument culte du "Je suis ton père". Quand Dark Vador révèle à Luke qu'il est son père, tout le monde a été surpris et la nouvelle a plutôt été prise avec enthousiasme. Et pourtant : "C'est n'importe quoi, on ne connaît presque pas ses parents et d'un seul coup il est de la famille de l'antagoniste ? Et comment quelqu'un comme Dark Vador a pu avoir un enfant ? Avec qui ? Et comme par hasard il a vécu si longtemps sans savoir qu'elle avait un si grand pouvoir en lui". Je rappelle qu'alors on ne savait rien des trois films de la prélogie (et pour cause ils n'existaient pas), donc on pouvait dire de la relation Luke-Vador à l'époque la même chose que ce qu'on dit aujourd'hui de la relation Rey-Palpatine.
En réalité ces questions ne sont pas réellement importantes, avec un peu d'imagination on arrive très bien à y répondre avec cohérence (que ce soit pour l'une ou l'autre des relations). Mais alors pourquoi la révélation marche avec Luke-Vador et pas avec Rey-Palpatine ? A mon avis, c'est une question de relation à la base, avant même d'apprendre un quelconque lien de parenté avec les personnages. Je m'explique :


Relation Luke-Vador
On sait certes peu de choses des parents de Luke, mais on apprend quand-même dans Star Wars IV "que son père, Anakin était un Jedi et qu'il a été tué par Dark Vador. Au début du film, on a déjà un lien fort entre les deux personnages : Dark Vador a tué le père de Luke. Puis leur relation devient encore plus tumultueuse quand Dark Vador "tue" Obi-Wan, le mentor de Luke. Lien entre les personnages renforcé. On passe alors à l'épisode V où Luke, séparé de ses amis, a une vision de l'avenir et les voie menacés par Dark Vador. Le lien entre Luke et Vador se renforce alors une fois de plus. Puis ce qui vient consolider ce lien une bonne fois pour toute, c'est l'annonce de Dark Vador : "Je suis ton père". Avant qu'on apprenne la nouvelle fatidique, les personnages sont déjà reliés par de multiples ficelles. C'est selon pour ça que la révélation passe parfaitement. Il faudra un film supplémentaire pour qu'on ait le dénouement de leur relation.


Relation Rey-Palpatine
Que dire ? Ce n'est pas la même chose. Star Wars VII : on découvre Rey, pilleuse d'épave, abandonnée par ses parents sur une planète de sable. On ne sait rien de plus sur ses parents. Palpatine ? Il n'est pas là. Star Wars VIII : Palpatine est toujours absent mais on insiste sur le fait que les parents de Rey n'étaient que des gens ordinaires. Bon. Star Wars IX maintenant : on nous révèle dès le début du film que Palpatine est vivant, au milieu du film Kylo Ren apprend à Rey que Palpatine est son grand-père, et il faut en attendre la fin pour avoir le dénouement de leur relation. La relation Rey-Palpatine se construit et se termine en un film là où la relation Luke-Vador le fait en trois. Pire encore, on détruit une partie de ce que le huitième film a expliqué puisque désormais on sait que Rey ne vient pas de nulle-part. Les deux personnages n'ont rien en commun au début du film, et on a l'impression que leur relation se construit uniquement lorsque l'on apprend qu'ils sont parents. C'est un problème, selon moi.
Et même en dépit de cela, il y aurait pu y avoir une réflexion intéressante. Rey aurait pu se demander l'utilité des leçons qu'elle avait reçu de Luke, elle aurait pu chercher une réponse et ainsi rebondir ensuite pour mieux se concentrer sur ce qu'elle pouvait faire en sachant quel est son lien de parenté avec l'Empereur. Mais au lieu de ça, le film se concentre uniquement sur ce dernier point et c'est dommage. Plutôt que d'intégrer la morale de son prédécesseur dans son intrigue, le neuvième film l'annule. C'est un immense gâchis. Une fois encore, le film ne prend pas le temps de développer son histoire, tout est trop rapide.
Selon moi, Palpatine est donc le gros défaut de ce film. Le problème ne repose ni dans sa présence, ni dans son retour, il ne repose pas non plus dans sa relation avec Rey. Il repose dans le traitement de son retour et de cette relation avec Rey. Imaginons une personne appelée Pierre, qui ne connait que la trilogie la plus récente de Star Wars. Je ne peux m'empêcher de me poser une question : Pierre sait-il réellement qui est Palpatine en arrivant dans la salle de cinéma ? Ce nom est très peu évoqué dans Star Wars VII et VIII, je crois même qu'on ne l'entend pas. Et si on l'entend, il a tellement peu d'importance qu'on peut croire aisément que c'était Dark Vador qui dirigeait l'Empire ( parce que lui est évoqué à de multiples reprises ). Ce que je veux dire c'est que Palpatine est un personnage qui semble jeté en plein milieu de la nouvelle trilogie. On le pensait inexistant ou mort, mais "Les morts parlent ! ", et il fait son apparition. Le personnage de Palpatine n'est pas préparé, il n'est pas évoqué, en un mot comme en cent : son retour est bâclé. C'est pour cela que le film est obligé de faire des raccourcis violents, qu'il propose un montage agressif (les premières minutes contiennent des plan épileptiques tant on saute d'un endroit à l'autre), c'est pour cela que le film n'a pas le temps de raconter une histoire convenable en un délais raisonnable. En réalité, il manque une demi-heure, voire une heure au film.



Mais alors, pourquoi une note si haute ?



Oui, pourquoi ? Tout simplement parce que contrairement à ce que laissent penser les très (très, très) nombreuses lignes au-dessus, j'ai beaucoup aimé ce film. Je pense qu'on peut apprécier ce dernier volet de Star Wars si on arrive à intégrer le retour de l'Empereur en dix minutes, comme le film le veut. Après avoir passé ces dix minutes à avaler le scénario du début de film et dix minutes à digérer toutes les informations, j'ai pu entrer dans le film pour les deux heures restantes.


Mais cela n'a été possible que parce que je connaissais le personnage de Palpatine et que je connaissais l'existence du clonage des Siths. Je comprends donc parfaitement qu'on ne réussisse pas à entrer dans le film, puisqu'il faut en quelque sorte des prérequis pour le voir et le comprendre, et par chance, je les avais. Malheureusement, si on n'ingère pas les raccourcis de début de film, alors je pense qu'il n'est pas possible de continuer à suivre ce Star Wars épisode IX et d'apprécier les bonnes idées qu'il propose. Car il en propose !


Il faut déjà voir toutes les qualités extérieures au scénario : visuellement, le film est une claque pour un Star Wars. Les effets spéciaux sont au top, les combats en vaisseaux sont prenants, et ceux au sol le sont tout autant, les duels au sabre laser qui manquaient cruellement dans l'épisode VIII sont présents et parfaitement chorégraphiés. Il y a également des scènes marquantes (j'ai vraiment cru que Rey avait tué Chewie) qui restent en tête et qui, je pense, entreront dans les scènes cultes de Star Wars lorsque tout le monde aura pris du recul sur le film. Le tout est appuyé par la musique d'un John Williams qui répond toujours présent. Heureusement, ce n'est pas tout.


Une des grandes forces de ce Star Wars, c'est la relation entre Rey et Ben Solo qui fonctionne
parfaitement. La raison ? Elle a pris le temps de s'installer. Elle s'est constituée en trois films, et elle atteint son apogée dans ce volet.
Ici, Ben Solo, perdu et détruit depuis qu'il a tué son père, tente d'amener vers le côté obscur une Rey qui n'est pas moins perdue que lui. Rey, elle a abandonné l'idée de le ramener du côté du "bien". Malgré cela, il y a une constante oscillation entre le "bien" et le "mal" de la part des personnages et je trouve qu'il faut attendre la toute fin du film pour savoir totalement où il veut nous amener avec eux. Et puis, il y a leur étonnante utilisation de la Force, cette "diade" qui les fait se démarquer. Ce pouvoir/lien entre eux fonctionne puisqu'il a été préparé dans le film précédent ; et même si Snoke disait être la cause de ce pouvoir particulier, lorsqu'on comprend que Snoke est un outil de Palpatine pour manipuler Kylo Ren, alors on imagine facilement qu'il a pu mentir. Et alors, le film approfondit ce pouvoir ce qui est une bonne idée ils se battent l'un contre l'autre à distance, de la même manière ils se passent des objets en étant en communion (la scène du passage de sabre laser m'a fait jubiler), et selon moi toutes ces choses participent à faire de la relation entre ces deux personnages quelque chose d'aboutit.


Le Dernier Jedi avait commencé à faire bouger la saga et les possibilités qu'offrait la Force, ce neuvième volet ose aller au bout de cette idée. Que ce soit ce pouvoir particulier entre Rey et Ben, ou la possibilité de soigner en donnant de sa force vitale. Il y a des nouveautés qui sont bienvenues et rafraîchissent l'utilisation qu'on peut faire de la Force. Il semblerait même que ces pouvoirs soient déjà présents dans l'univers étendu. Si c'est réellement le cas (je n'ai pas vérifié), alors cela montre que certaines idées prises dans l'univers étendu et intégrées correctement à l'univers des films fonctionnent très bien.


Et finalement, ce qui fait que j'ai apprécié ce film, c'est aussi la sensation de "boucle bouclée". Le film finit là où le premier film a commencé, il y a de très nombreuses références aux anciens films (qui ont du faire hurler de rage certains), des scènes qui se font écho, le plutôt bon retour de personnages (Lando Calrissian, C3PO qui est remis à l'honneur). Et malgré tout ce que j'ai pu dire en première partie de critique, j'ai énormément apprécié le fait que Palpatine ait eut une emprise sur toute la saga, que finalement se soit lui qui tire les ficelles du début jusqu'à la fin.


Malgré ses défauts, Star Wars n'a pas réussi à m'abattre et j'ai passé un très bon moment dans mon siège de cinéma. Cependant, je comprends qu'on puisse le détester, ou du moins ne pas l'aimer.



Conclusion



Ce dernier Star Wars aurait pu être sublime, mais il n'est que correct de mon point de vue. Quel dommage ! J'ai essayé de passer outre dans la critique, mais il faut bien que j'en parle tout de même : le fait que le projet de cette nouvelle trilogie soit passé de mains en mains au cours des films a très certainement fait beaucoup de mal à ce dernier film en particulier. J.J.Abrams avait très certainement un projet qu'il comptait mener jusqu'au bout, mais ayant été partiellement écarté du huitième film suite au succès mitigé du numéro sept, il n'a pas pu la concrétiser. Est alors arrivé un nouveau réalisateur/scénariste avec une autre vision du projet (Rian Johnson). Nouveau succès mitigé, nouveau renvoi, retour de J.J.Abrams qui doit terminer une trilogie qui ne ressemble plus à sa vision des choses... Dans une époque où il est courant que tout le monde donne son avis avec un peu de précipitation et sans toujours prendre de recul, une époque où la négativité est beaucoup plus montrée et beaucoup plus partagée, les "suprêmes leaders" du projet auraient dû garder la tête froide et laisser J.J.Abrams concrétiser sa vision après le démarrage en douceur d'un Star Wars VII, qui à mon sens était très correct.


Mais nous avons tout de même eu un huitième film plein de partis pris et d'idée intéressante, ainsi qu'un dernier épisode qui, même s'il manque de temps pour raconter son histoire, réussit selon moi à sortir la tête de l'eau.


Voici qui conclut ma critique, je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographe qui pourront traîner, mais au vue du pavé que j'ai écrit, j'ai comme la flemme de me relire. J'espère néanmoins avoir été clair dans mon propos.

PensBorgia
7
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le 22 déc. 2019

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PensBorgia

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