Starship Troopers est passé cette année (2017-18) au programme de Lycéens et Apprentis au Cinéma. Cela témoigne du crédit que ce film a pris, jusqu'à un niveau institutionnel. Au-delà de ce qui est souvent dit à propos de ce film (fasciste ou pas, drôle ou pas, blockbuster débile ou pas), ce qui est fascinant, notamment dans un cadre d'éducation à l'image, c'est justement ces multiples lectures qu'il a suscitées.


La lecture plaisir est possible si l'on aime le sang, la surenchère, les blockbusters dans l'espace avec la space navy, mais elle est possible aussi si on n'aime pas tout ça. En cela ce film est unique. C'est le propre de la satire que de ne pas dire son nom et si vous le trouvez ridicule, exagéré et poussif voire malsain, vous pouvez alors y trouver tous les indices qui vous confirmerons que vous avez raison. C'est en trouvant cette guerre pas crédible qu'elle se révèle mensonge d'Etat. Et là, votre position de spectateur est secouée dans tous les sens. Si vous voulez vraiment savoir où se placent les intentions du réalisateur, il va falloir se pencher sur sa filmographie, sur des interviews. Et c'est dommage, c'est vrai. C'est le seul problème de ce film que de ne pas être clair dans ces intentions.
Mais c'est aussi sa force. J'ai rarement vu un film alimenter autant les conversations et déchaîner les points de vue.


Dans un cadre d'éducation à l'image, il est fascinant car la lecture d'aujourd'hui n'est pas celle de 1997 et elle est tout aussi multiple.
Aussi, parler de ce film, c'est parler de l'histoire du nazisme, du cinéma de propagande, de l'armée américaine, des guerres en Irak et en Afghanistan, c'est parler de mise en scène distanciée, d'humour grinçant, de vieille science-fiction, d'effets spéciaux, de séries télé des années 90, c'est parler d'adaptation et dans ce cas précis d'une adaptation qui n'apprécie pas l'œuvre original (pas banal tout-de-même!), c'est apprendre qu'un film peut brasser énormément de motifs et de langages audiovisuels différents, maîtriser ce qui définit une dictature sans l'exposer, singer des fictions de propagande en leur donnant des allures de navet blockbuster et s'apercevoir que les deux sont très proches, c'est parlé d'un film boudé puis ressuscité. Et surtout, c'est remettre en question ce que l'on voit.


Qu'on l'aime ou pas, parler de Starship Troopers, c'est parler du monde et de visions du monde.

Pequignon
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le 2 mai 2018

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