Il y a dans ce film un peu de Rosetta, un brin de Tomboy et un soupçon de Darling. L'histoire un peu glauque et touchante d'une gamine de 11 ans qui grandit auprès de parents totalement irresponsables et fragiles et qui s'adapte quand même à la vie, à l'école et aux autres.

Stella est une fillette un peu petite pour son âge, chétive et carrément paumée. Elle vit dans le café-hôtel que tiennent ses parents et côtoie à longueur de journée les poivrots du quartier, les sans abris et les âmes en peine qui traînent dans le coin. Son monde est celui d'adultes, et comme elle le dit si bien, elle est plus calée en cul et en foot qu'une dictée et en Maths.
Car Stella entre en sixième en ce mois de septembre 1977, dans un lycée parisien ou elle est une des rares à prendre le train de banlieue pour venir en classe. L'école n'est pas son fort, elle rêvasse, ne sait pas écouter, peut-être parce qu'elle croit que tout cela n'est pas pour elle.

Ses parents (excellente Karole Rocher dont le personnage est extrêmement bien construit et subtil, et l'étonnant Benjamin Biolay qui par sa seule présence EST le père ) sont en effet de bien piètres soutiens. Lui boit, fume et joue au billard en râlant de temps en temps et elle, profondément malheureuse d'être ce qu'elle est, renvoie à Stella la plus mauvais image que puisse le faire une mère.
L'enfant est livrée à elle-même, véritable petit satellite entre les verres de mousse, les mégots de clopes et le flipper. Elle ne trouve finalement de véritable refuge qu'auprès de sa seule copine d'école, Gladys et de son amie de vacances, Geneviève la Ch'ti.
Elle progresse lentement en classe et se met à lire, ce qui amuse sa mère. "Tu changes ma fille ! " lui repproche-t-elle presque.

Sur fond de Daniel Guichard, Eddy Mitchell ou encore Sheila, la vie de cette gamine évolue lentement, s'éclaire puis se noircit. Stella s'égare, se fiant de loin aux seuls phares qui lui restent et se construit seule. Il y a dans cette histoire, quelque chose de profondément touchant et sincère. L'Enfance y est décrite parfaitement, de par l'école (les cours d'Anglais mon Dieu !), les premières boums ou encore les batailles d'oreillers mais se confronte avec l'Enfance de Stella où se côtoient les bagarres de bar, le conflit conjugal de ses parents qui la mettent aux premières loges ou encore la violence qui boue en elle.

Le film aurait pu vite tourner au sinistre ou sombrer dans l'ultra social mais il n'en est rien. La réalisation est légère, virevolte presque et évite les lourdeurs. Les petites appartés (flash back fugages, fantasmes et rêves) sont délicieuses et permettent au film de garder un rythme agréable. Ce dernier se conclue même sur un superbe générique de fin, tendre et prometteur.

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le 27 sept. 2011

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Before-Sunrise

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