Second long-métrage de Kimberly Peirce, cinéaste remarquée en 1999 avec Boys don't Cry, Stop-Loss s'attarde sur le difficile retour à la vie civile de deux jeunes soldats, dont l'un se verra forcé de reprendre du service, son contrat ayant été prolongé à son encontre.


Un sujet abordé de nombreuses fois au cinéma ou à la télévision, mais qui ici trouve un intérêt particulier pour deux raisons. Premièrement, le film fut tourné en 2007, alors que le conflit s'enlisait depuis déjà cinq bonnes années, ce qui en faisait un sujet encore brûlant d'autant plus que le film est produit par MTV, pas vraiment le genre à s'atteler à quelque chose d'aussi sérieux. Deuxièmement, Kimberly Peirce et le scénariste Mark Richard s'appuient sur une clause bien réelle (qui donne d'ailleurs son nom au film), stipulant que si le gouvernement considère que le pays est en guerre, un soldat ayant achevé ses engagements peut très bien être à nouveau envoyé au front qu'il le veuille ou non, tout refus étant considéré comme de la désertion pure et simple.


Une méthode proprement scandaleuse, qui apporte à Stop-Loss une toile de fond riche, et de quoi mettre à jour les failles d'une nation n'hésitant pas une seconde à transformer ses enfants en pure chair à canon. Si le film évite le plus possible de donner un avis tranché sur le "bienfait" de l'interventionnisme américain dans le cas de l'Irak, il ne cache cependant rien des retombées physiques, psychologiques et sociales d'un tel environnement sur de jeunes engagés que l'on aura manipulé jusqu'au bout.


Un sujet et un contexte forts, qui malheureusement ne sont pas toujours mis en valeur par un scénario un brin flemmard, ne sachant pas où aller afin d'illustrer son propos. Le script joue un peu sur tous les tableaux et peine à se démarquer des classiques du genre, n'évitant pas non plus une tendance à la facilité. Le casting, composé notamment de Ryan Philippe, Channing Tatum, Abbie Cornish ou Joseph Gordon-Levitt, fait heureusement le boulot, compensant les défauts de l'intrigue et une mise en scène loin d'être mauvaise mais plus fonctionnelle qu'autre chose.


Loin de la force qui animaient ses concurrents tels que The Hurt Locker ou Battle for Haditha sur un cadre similaire, Stop-Loss mérite cependant que l'on s'y attarde, ne serai-ce que pour son sujet ou ses comédiens.

Gand-Alf
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le 16 juin 2016

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