Super 8 a UNE vraie qualité, celle de mettre en scène dans le film le spectateur en la personne d'un des camarades du jeune héros. Cary, un brin immature, presque caricatural avec son appareil dentaire lui déformant la bouche semble plusieurs fois apparaitre comme le porte parole direct de la pensée du spectateur, ou tout du moins de ce qu'Abrams imagine des attentes et des réflexions du spectateur.

Ce jeune garçon, dont il vaut mieux éviter la compagnie croit on comprendre, fan d'explosions, commente toutes les scènes d'action du film, dirige même le regard du réalisateur pour éviter les temps morts, et va même jusqu'à noter a haute voix les invraisemblances scénaristiques ("Wait... what???" lorsque la bête relâche Joe après son larmoyant monologue).

Cary est la personnification des craintes du réalisateur, la crainte de la critique, du jugement. Le film dans le film que réalisent les enfants devient plus signifiant à l'arrivée que la trame mollassonne que présente super 8. Montrer en guise de générique le film des enfants monté est à ce titre extrêmement révélateur des vrais enjeux de super 8.

Abrams crie son plaisir d'un cinéma assumé, mais intelligent, loin des étalages graphiques dont il à pourtant la science (cf le magnifique débat entre les enfants autour de la question du choix de l'explosion de la maquette du train de Joe, ou les prises de vue réelles du train numérique).

Le trip régressif que présente Abrams avec pour parrain et caution le maitre du fantastique mièvre, Spielberg, renvoie au spectateur sa responsabilité quant à l'état du cinéma américain aujourd'hui. Cary veut plus d'explosions, plus de pétard, plus d'action, et le cinéma d'action américain ne fait que lui donner ce qu'il veut (Sept suites a SAW, Battle Los Angeles et combien d'autres?)

On a le cinéma qu'ont mérite. Super 8 est donc un film thèse, faible dans sa production et dans sa réalisation, mais presque à propos, comme pour crier qu'il faut arrêter de vouloir faire revivre le passé, cesser le cycle des remakes, à nouveau créer, écrire, innover.

Hook dernier grand film malade de Spielberg, se terminait sur l'idée que grandir serait une aussi belle aventure, Super 8 est l'appel que lance Abrams à retrouver son regard d'enfant devant le cinéma, retrouver le plaisir du sens, et le gout du simple.






nulysses
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le 23 août 2011

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