Elle et la Bête

Faire un film dans le seul but de rendre hommage à un cinéaste, le concept paraît difficilement tenable. Le résultat est plutôt honorable, essentiellement grâce aux jeunes acteurs et parce que c'est J. J. Abrams qui est aux commandes.
Fort heureusement, Spielberg n'est que producteur de ce film où tout, pourtant, semble inspiré par le fameux réalisateur. Les personnages font inévitablement penser à ceux de E.T. (ou de Stand By Me, l'excellent film de Rob Reiner) et l'intrigue rappelle les Rencontres du troisième type (on remarquera que les références vont uniquement vers les vieux films de Spielberg, à l'époque où il savait utiliser son talent, à l'opposé de ses insupportables réalisations actuelles).
Dans une petite ville industrielle, des gamins qui font un film amateur sont témoins du déraillement d'un train transportant quelque chose de secret (et potentiellement dangereux).
Tout, dans le scénario, nous ramène donc à Spielberg : l'opposition entre des enfants et des adultes, l'appel à la tolérance (contre l'armée qui représente forcément la brutalité) et un final larmoyant. Nous touchons là au problème majeur du film : la banalité de son scénario, qui ressemble à un exercice "à-la-manière-de".
Mais, rappelons-le, le réalisateur est J. J. Abrams. Et ça, c'est plutôt la bonne nouvelle : bon sens du rythme, excellente direction d'acteurs, crescendo de la tension dramatique et une scène de déraillement qui restera dans les mémoires. mais, hélas, son talent ne fait pas tout : le déluge de trucages sur la fin est écœurant, malvenu et constitué une vraie faute de goût.
Enfin, l'intérêt principal du film est son interprétation. Les jeunes acteurs sont tous excellents, mais un nom sort encore du lot : Elle Fanning (que l'on peut voir aussi dans Somewhere, de Sofia Coppola). Elle est époustouflante et constitue, de très loin, la meilleure raison pour voir ce film.